Ce week-end marquera-t-il la fin du régime en France ?
PARIS, FRANCE – 24 JUIN : Le président du parti d’extrême droite français Rassemblement National (RN), … (+)
Le premier tour des élections législatives françaises a été marqué par une forte censure à l’encontre d’Emmanuel Macron, avec l’entrée du Rassemblement de Marine Le Pen dans le courant dominant de la politique française. Le RN a recueilli 33% des voix (contre 28% pour le NFP d’extrême gauche) et la dynamique du second tour, ainsi que la répartition des voix, laissent penser qu’il pourrait remporter environ 260/270 sièges (289 étant le seuil de majorité). Ainsi, sur les 74 premiers sièges à attribuer, le RN en a remporté 40.
Il y a déjà plusieurs implications.
La France est profondément divisée et les Français sont furieux contre Macron pour les avoir mis dans cette situation. Au minimum, la vie publique française sera pleine de rancœur et des violences entre l’extrême gauche et l’extrême droite ne sont pas à exclure.
Macron en tant que force politique est fini. Le centre du spectre politique français va maintenant devoir se recomposer (peut-être dirigé par Edouard Philippe, l’ancien Premier ministre). Cela a des implications de haut niveau pour l’UE : Macron, en tant que canard boiteux, n’aura plus autant d’influence qu’il en avait en Europe et, du point de vue de pays comme les États-Unis, il ne sera peut-être plus considéré comme le principal moteur de la politique européenne, à cet égard, Tusk, von der Leyen, Kallas et Meloni sont des gagnants relatifs. L’autre risque est que l’Allemagne en particulier ait du mal à coopérer avec un gouvernement dirigé par le RN, ce qui modifiera également la dynamique de la politique européenne.
Le résultat confirme une tendance à droite dans la politique européenne et le sentiment qu’une contre-réaction politique à l’immigration/à la sécurité/à l’islam est en train de se développer.
Pour le reste de cette semaine, nous n’attendons pas d’annonces politiques formelles, mais plutôt que les dirigeants politiques soient plus opportunistes. Attal a abandonné lundi matin certaines réformes du marché du travail et nous nous attendons à ce que le RN se concentre sur la sécurité et l’immigration.
L’autre élément à surveiller sera une coalition lâche entre le centre et le NFP pour gérer les circonscriptions de manière à ce que, par exemple, les candidats du NFP arrivés en troisième position se retirent (favorisant ainsi Renew ou Horizons), afin de limiter les sièges que le RN peut remporter. Ils ont jusqu’à mardi soir pour se mettre d’accord sur ce point.
Les Français doivent donc choisir entre deux visions extrêmes de la société française (par exemple, lors de leur conférence de presse, le leader du NFP était accompagné d’un collègue qui soutient ouvertement le Hamas).
Deux scénarios clés se présentent encore : soit un gouvernement minoritaire dirigé par le RN, soit un gouvernement technocratique dans un contexte de rancœur exacerbée et d’un président discrédité.
Sur les marchés, mon instinct me pousse à vendre la hausse à la moindre réaction du marché car je pense qu’il est inévitable qu’un choc économique se produise en France. En lisant les commentaires dans la presse américaine, nous pensons que certains investisseurs américains confondent la droite française avec la droite américaine en termes de perspectives macroéconomiques. Le RN n’est pas favorable aux IDE, et le NFP encore plus.