Ce qu’il faut savoir sur les élections législatives de Frances Snap

Le président Emmanuel Macron a plongé la politique française dans le désarroi dimanche en appelant de manière inattendue à des élections anticipées.

Cette décision surprise est intervenue après que son parti ait été battu par l’extrême droite lors des élections au Parlement européen. M. Macron a dissous la chambre basse du Parlement français et a déclaré que le premier tour des élections législatives aurait lieu le 30 juin.

La France se trouve désormais en territoire imprévisible, avec l’avenir du deuxième mandat de M. Macron potentiellement en jeu. À moins d’un mois du scrutin, les partis se démènent désormais pour présenter des candidats, peaufiner leur message et, dans certains cas, forger des alliances.

Voici ce que vous devez savoir sur les élections anticipées.

Le parti d’extrême droite français Rassemblement national anti-immigration, dirigé par Marine Le Pen et son protégé très populaire, Jordan Bardella, s’est hissé à la première place des élections au Parlement européen dimanche avec environ 31,4 pour cent des voix. La coalition centriste dirigée par le parti Renaissance de M. Macron arrive loin derrière avec environ 14,6 pour cent.

M. Macron a reconnu cette défaite écrasante dans une émission télévisée à la nation ce soir-là.

La France a besoin d’une majorité claire pour avancer dans la sérénité et l’harmonie, a déclaré M. Macron, expliquant pourquoi il avait décidé de convoquer des élections législatives.

Cela impliquait de prendre la décision extrêmement rare de dissoudre l’Assemblée nationale, qui compte 577 sièges, une prérogative présidentielle en France. M. Macron est le premier président à le faire depuis 1997.

Lorsque M. Macron a été élu pour un second mandat en 2022, son parti n’a pas réussi à obtenir une majorité absolue. La coalition centriste qu’il a formée a depuis gouverné avec une faible majorité mais a eu du mal à faire adopter certains projets de loi sans le soutien de l’opposition.

M. Macron n’était pas obligé de dissoudre le Parlement, même si le vote européen lui laissait un chiffre réduit à trois ans de son mandat présidentiel. Les analystes analysent encore ses motivations, même si beaucoup soupçonnent qu’il pensait qu’une dissolution était devenue inévitable. Les législateurs conservateurs menaçaient de renverser son gouvernement à l’automne. Secouer le pays avec des élections soudaines pourrait également être un moyen pour M. Macron d’empêcher son opposition de s’organiser et de présenter aux électeurs un choix difficile entre lui ou l’extrême droite.

Cette décision est considérée comme un pari : si le Rassemblement national réitère sa performance lors des élections nationales, la France pourrait devenir presque ingouvernable, avec M. Macron confronté à un Parlement hostile à tout ce en quoi il croit.

Mme Le Pen a salué l’annonce des élections et s’est dite convaincue que son parti pourrait rassembler une majorité. Nous sommes prêts à redresser le pays, a-t-elle déclaré dimanche soir à ses supporters enthousiastes à Paris.

La présidence est la fonction politique la plus puissante de France, avec de larges capacités pour gouverner par décret. Mais l’approbation du Parlement, et en particulier de l’Assemblée nationale, est requise pour la plupart des grands changements de politique intérieure et des textes législatifs clés, comme les projets de loi de dépenses ou les amendements à la Constitution.

Contrairement au Sénat, l’autre chambre du Parlement français, l’Assemblée nationale est élue directement par le peuple et peut renverser un cabinet français par un vote de censure. Il dispose également d’une plus grande latitude pour légiférer et contester l’exécutif, et obtient généralement le dernier mot si les deux chambres ne sont pas d’accord sur un projet de loi.

Le parti de M. Macron et ses alliés centristes détiennent actuellement 250 sièges à l’Assemblée nationale, soit moins que les 289 requis pour une majorité absolue. Le parti du Rassemblement national détient 88 sièges, tandis que les républicains conservateurs traditionnels en ont 61. Une alliance ténue de législateurs d’extrême gauche, socialistes et verts détient 149 sièges. Le reste est détenu par des groupes plus petits ou des législateurs non affiliés à aucun parti.

Les élections pour les 577 sièges de l’Assemblée nationale se dérouleront en deux tours le premier le 30 juin et le second le 7 juillet.

En France, 577 circonscriptions électorales, une pour chaque siège, couvrent la métropole, les départements et territoires d’outre-mer, ainsi que les citoyens français résidant à l’étranger. Contrairement à beaucoup de ses voisins européens, la France attribue des sièges aux candidats qui obtiennent le plus de voix dans chaque circonscription, et non sur la base d’une proportion du total des voix à travers le pays.

Cela signifie qu’il y aura 577 élections distinctes, avec des dynamiques et des particularités locales contrairement aux élections parlementaires européennes où chaque parti présentait une liste unique de candidats à l’échelle nationale.

Un nombre illimité de candidats peuvent concourir au premier tour dans chaque circonscription, mais il existe des seuils spécifiques pour atteindre le second tour. Même si, dans la plupart des cas, le second tour mettra en vedette les deux premiers ayant obtenu le plus grand nombre de voix, il peut arriver, en de rares occasions, de réunir trois, voire quatre candidats. Celui qui remporte le plus de voix lors de ce second tour remporte la course. (Sous certaines conditions, un candidat qui obtient plus de 50 pour cent des voix au premier tour l’emporte.)

Comme les élections viennent d’être annoncées, il n’existe pas encore de sondage d’opinion fiable.

Malgré son triomphe aux élections européennes, il n’est pas certain que le Rassemblement national puisse remporter un nombre nettement plus important de sièges à la chambre basse du Parlement français.

Il est difficile de projeter les résultats des élections européennes sur ceux des législatives, a déclaré Luc Rouban, chercheur principal au Centre de recherches politiques de Sciences Po à Paris. Il n’est pas sûr que le Rassemblement national obtienne le même succès.

Avec peu de temps pour faire campagne, les partis de gauche s’efforcent de s’unir comme ils l’ont fait en 2022 en évitant les candidatures concurrentes dans chaque circonscription. Mais l’unité de la gauche française peut s’avérer difficile à réaliser, et il n’est pas certain que les partis parviendront à parvenir à un tel accord.

Si M. Macron ne parvient pas à réunir une majorité parlementaire forte, il pourrait se retrouver dans un rare scénario de cohabitation où la présidence et l’Assemblée nationale sont dans des camps politiques opposés.

Dans ce scénario, M. Macron serait obligé de choisir un Premier ministre d’un parti politique différent, ce qui pourrait potentiellement bloquer une grande partie de son programme national. La politique étrangère, qui est une prérogative présidentielle, resterait théoriquement pratiquement intacte.

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