Bourreau argentin qui a donné des conférences en France condamné à 15 ans
Un tribunal argentin a condamné à 15 ans de prison l’ancien policier Mario Sandoval qui, il y a quarante ans, pendant la dictature militaire, a servi dans l’un des centres de torture les plus notoires du pays, rapporte la BBC.
Sandoval, 69 ans, a été reconnu coupable d’avoir enlevé et torturé l’étudiant de gauche Hernan Abriata, qui a disparu en 1976 et est présumé mort.
Après la chute de la junte, Sandoval a fui le pays et s’est installé en France, où il a commencé à enseigner à l’université, mais la France l’a extradé vers l’Argentine en 2019.
L’ancien policier a été accusé d’avoir participé à l’enlèvement et à la torture de centaines de militants de gauche entre 1976 et 1983, lorsque le pays était gouverné par l’armée. Mais un seul cas a été entendu au tribunal – celui d’Hernan Abriata, un étudiant en architecture qui a été traîné hors de chez lui par la police en 1976 et jeté dans la plus grande prison secrète d’Argentine, qui a été installée à l’École de mécanique de la marine argentine (ESMA). On ne sait rien de son sort ultérieur.
On pense que plus de 5 000 Argentins opposés à la junte militaire sont passés par cette prison. Une centaine seulement ont survécu.
Les prisonniers ont été interrogés et torturés. En fin de compte, beaucoup d’entre eux ont été drogués et jetés des avions dans l’océan.
Selon les rescapés des horreurs de l’incarcération à la prison de l’ESMA, Mario Sandoval était l’un des pires bourreaux. On dit qu’il aimait attacher les prisonniers à des cadres de lit en métal et les torturer avec un aiguillon à bétail.
Deux ans après que l’armée argentine a été chassée du pouvoir, Sandoval a déménagé en France. Il y occupe un poste de consultant en défense et sécurité, obtient la nationalité française et enseigne même pendant six ans en tant que conférencier invité à l’Institut latino-américain de la Sorbonne.
Ce n’est qu’en 2008 que Sandoval a été identifié comme un ancien policier soupçonné d’avoir kidnappé et torturé des centaines de militants argentins. Après un long procès, la Cour administrative suprême française a décidé qu’il pouvait être extradé vers son pays d’origine car les crimes dont il était accusé avaient été commis avant qu’il n’obtienne la nationalité française.