Blinken voit un modèle ivoirien en matière d’extrémisme lors de sa tournée en Afrique
Abidjan (AFP) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a félicité mardi la Côte d’Ivoire pour avoir choisi une approche moins militarisée de la sécurité, lors d’une tournée visant à rallier les démocraties africaines alors que les crises engloutissent la région et le monde.
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Blinken rencontrait séparément deux dirigeants clés le même jour : le président ivoirien Alassane Ouattara, un dirigeant vétéran qui a gagné les éloges des États-Unis pour la consolidation de la démocratie, avant de se rendre à Abuja pour rencontrer le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, élu l’année dernière sur un programme de Réformes économiques.
A Abidjan, Blinken a salué la position de la Côte d’Ivoire contre le coup d’État de l’année dernière au Niger et son approche consistant à « construire la sécurité ensemble » en investissant économiquement pour lutter contre l’extrémisme dans les régions du nord frontalières du Mali et du Burkina Faso.
« Je dois saluer l’approche adoptée par la Côte d’Ivoire : travailler avec les communautés, écouter les communautés, s’assurer que leurs forces de sécurité comprennent les besoins et les préoccupations des communautés », a déclaré Blinken aux côtés de Ouattara.
« Je pense que cela peut servir de modèle très puissant pour d’autres pays », a-t-il déclaré.
La Côte d’Ivoire n’a pas connu d’attaque terroriste majeure depuis environ deux ans, malgré un voisinage en difficulté.
Blinken a néanmoins promis de renforcer la coopération sur le terrain avec la Côte d’Ivoire, notamment en formant les forces de sécurité.
Il a déclaré que les États-Unis fourniraient 45 millions de dollars supplémentaires aux pays d’Afrique de l’Ouest dans le cadre d’un plan de lutte contre l’instabilité, portant le financement total du programme vieux d’un an à près de 300 millions de dollars.
Ouattara a exprimé son appréciation pour l’aide américaine et a exprimé son inquiétude face à une série de coups d’État en Afrique de l’Ouest.
« Comme les Etats-Unis, nous sommes très attachés à la démocratie et à la justice », a-t-il déclaré, promettant que son gouvernement ferait « tout son possible pour améliorer la vie quotidienne des gens ».
Aux côtés des États-Unis malgré les crises
Le Nigeria et la Côte d’Ivoire se sont largement rangés aux côtés des États-Unis – en tant qu’autre partenaire clé, le Kenya – malgré le malaise d’une grande partie du continent face à la volonté occidentale d’armer l’Ukraine et, plus récemment, au soutien américain à Israël dans sa guerre contre le Hamas.
Leur position contraste avec celle d’un autre poids lourd, l’Afrique du Sud, que les États-Unis accusent d’autoriser les livraisons d’armes à la Russie et qui a récemment agacé Washington en portant une affaire de génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice.

Blinken ne se rendra pas en Afrique du Sud lors de son voyage, mais il se rendra en Angola, pays qui est passé de la guerre à la démocratie et a joué un rôle essentiel de médiateur pour mettre fin aux troubles dans la République démocratique du Congo voisine.
Et lundi, il s’est arrêté au Cap-Vert, partenaire de longue date des Etats-Unis.
Blinken a cherché à présenter un côté plus doux lors de son voyage.
Lundi, il a assisté à un match de football crucial de la Coupe d’Afrique des Nations entre la Côte d’Ivoire et la Guinée équatoriale, lorsque ses hôtes lui ont offert un maillot orange ivoirien portant son nom.
Prendre position sur le Niger
Le président américain Joe Biden n’a pas tenu sa promesse – faite aux dirigeants africains qui se sont rendus à Washington fin 2022 – de se rendre sur le continent en 2023.
Blinken, occupé par la crise du Moyen-Orient, effectue son premier voyage en Afrique subsaharienne depuis 10 mois.
Lors de sa dernière visite dans la région, il s’est rendu au Niger pour soutenir le président élu Mohamed Bazoum.
Quatre mois plus tard, l’armée dépose Bazoum.
Les putschistes ont expulsé les troupes de l’ancienne puissance coloniale française mais ont autorisé la présence d’environ 1 000 soldats américains, qui utilisent le désert du Niger comme base pour leurs drones dans la lutte contre les jihadistes.
Mais les putschistes se sont également rapprochés de la Russie, dont les mercenaires de Wagner sont déjà impliqués au Mali, en République centrafricaine et, semble-t-il, au Burkina Faso.

Le Nigeria s’est également prononcé contre le coup d’État. Tinubu a rencontré Biden en septembre en marge du sommet du Groupe des 20 en Inde, mais la visite de Blinken marque l’interaction américaine de haut niveau la plus approfondie avec lui.
Il est peu probable que le Nigeria reçoive des éloges similaires pour son approche nuancée de l’extrémisme, mais les États-Unis ont accueilli favorablement l’appel de Tinubu à une enquête après qu’une récente frappe de drone de l’armée nigériane a tué par erreur 85 civils.
2024 AFP