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Barricades, trahisons et effondrements : Macron déclenche une semaine folle dans la politique française | CNN


Paris
CNN

Alliances négociées et annulées, dirigeants défenestrés et assiégés, et cris de trahison et de honte résonnant sur les ondes : c’était presque shakespearien.

Cette semaine a été la semaine la plus folle que la droite française ait connue depuis des décennies.

La saga a commencé dimanche soir, avec une victoire éclatante de l’extrême droite aux élections législatives européennes, rassemblant quelque 40 % des voix en France. Le président français Emmanuel Macron a rapidement bouleversé le pays en annonçant des élections législatives anticipées.

Je ne veux tout simplement pas donner les clés à l’extrême droite en 2027 (lors de la prochaine élection présidentielle française), a-t-il déclaré cette semaine pour justifier son énorme pari sur le vote surprise.

Après avoir dominé le scrutin européen, de nombreuses spéculations ont été répandues selon lesquelles le Rassemblement national, le parti de la doyenne d’extrême droite Marine Le Pen et de son jeune acolyte Jordan Bardella, pourrait au moins devenir le faiseur de roi du prochain gouvernement du pays, voire le diriger, renversant le pouvoir. Le propre bloc centriste de Macron.

Macron est en sécurité en tant que président jusqu’en 2027, mais il est confronté à la possibilité d’un gouvernement dirigé et composé de ministres d’extrême droite : des idées peu apaisantes pour lui.

Mais le succès de l’extrême droite a déséquilibré la droite politique française, avec des résultats presque comiques.

En quelques jours, un dirigeant de droite serait barricadé dans son QG, un autre abandonné par tous ses législateurs nouvellement élus sauf un. Dans la lutte pour les faveurs avec l’extrême droite, les couteaux étaient sortis.

Julien de Rosa/AFP/Getty Images

Marine Le Pen s’adresse à ses partisans aux côtés du président du Rassemblement national Jordan Bardella lors d’un événement dimanche après les élections européennes.

Mardi, Eric Ciotti, président des Républicains, longtemps le principal parti de droite politique française, a annoncé une coalition surprise avec le parti d’extrême droite de Le Pen.

Sa pensée, telle qu’elle est exposée, était mesurée : le pays n’a jamais été aussi à droite, a-t-il déclaré. Le pays s’attend à des actions de droite.

La réaction de ses collègues n’a pas été la même.

Vendre son âme pour une assiette de lentilles et la faire passer pour le meilleur intérêt du pays, c’est ainsi que l’a exprimé sa compatriote républicaine Valérie Pécresse.

Des cris de honte ont été lancés contre lui par d’autres collègues républicains passés et présents en ligne.

Après des décennies au sein du courant dominant traditionnel, qui se targuait de ce qu’on appelle le cordon sanitaire protégeant les sièges du pouvoir français de l’extrême droite via des alliances tactiques, les Républicains, dirigés par Ciotti, se sont retrouvés à la périphérie, remportant un peu plus de 7 % des voix. le vote.

Avec la montée de l’extrême droite, Ciotti a vu une voie vers la pertinence.

Son parti n’était pas d’accord.

Dans le tourbillon d’indignation suscité par son pacte avec le diable (comme l’a qualifié le président français), des personnalités du parti ont appelé à l’excommunier du parti.

Son défi restera dans l’histoire politique française : s’enfermer au siège du parti pour tenter de les contrecarrer.

Stéphane de Sakutin/AFP/Getty Images

Eric Ciotti s’adresse aux médias alors qu’il quitte le siège de son parti à Paris jeudi.

Repérez un cortège de chefs de parti marchant pour le renverser. Le plus mémorable fut celui de la présidente du conseil régional de la région parisienne, retroussant théâtralement ses manches au milieu d’un essaim de journalistes alors qu’elle avançait vers le refuge de Ciotti.

Pendant ce temps, les médias sociaux francophones étaient en feu avec des mèmes représentant des équipes SWAT de la police ou des négociateurs en otages évinçant Ciotti.

La réalité était un peu moins dramatique : ses collègues ont trouvé des clés de rechange pour déverrouiller la porte.

Mercredi soir, Ciotti avait été expulsé du parti, son secrétaire général fustigeant l’alliance contre nature avec l’extrême droite, faisant écho à la propre attaque de Macron.

Mais l’actuel ex-chef du parti s’est effondré, publiant un communiqué de presse au nom des Républicains, condamnant la réunion de direction comme étant illégitime et sans fondement juridique.

Je suis et reste le président de notre formation politique, élu par nos adhérents, a-t-il posté sur X, anciennement Twitter.

Jeudi matin, il a tweeté une vidéo de lui-même assis à son bureau, recouverte d’une bande-son dramatique de type hollywoodien : un rejet manifeste de son éviction du parti.

Ce prétendu coup d’État a eu lieu le 21St siècle fier : les putschistes avaient apparemment entre leurs mains le compte X du parti, Ciotti était fidèle au Facebook du parti, les comptes publiant des déclarations contradictoires quant à la direction du parti.

La justification de Ciotti est intervenue vendredi, alors qu’un tribunal français a jugé son éviction illégale.

La justice a parlé, a-t-il dit après le verdict, elle a dit qu’on ne peut pas faire ce que l’on veut, qu’on ne peut pas faire de bricolage.

Plus à droite sur l’échiquier politique français, le chaos était également à l’ordre du jour, souvent diffusé sur les écrans de télévision nationaux.

Mené par la nièce de Le Pens, la vice-présidente exécutive Marion Maréchal, et l’ancien expert de la télévision Eric Zemmour, le parti Reconquête s’est accroché aux traces du Rassemblement national, remportant environ 5 % des voix aux élections législatives européennes en France. Le parti n’a été fondé qu’en 2021.

Comme Ciotti, désireuse de surfer sur la vague de popularité de l’extrême droite au gouvernement, Maréchal travaillait depuis dimanche à former un partenariat formel avec le parti de sa tante.

Zemmour semblait en désaccord, son choc face aux efforts de Maréchal se lisait clairement sur son visage lorsqu’elle les a annoncés à la télévision nationale dimanche soir.

Apparemment frustrée par son opposition, elle s’est montrée rebelle, disant aux partisans de la Reconquête de voter pour leurs concurrents d’extrême droite.

Mettons les intérêts de la France avant ceux du parti, a-t-elle déclaré en direct à la télévision.

Zemmour était furieux. Plus tard dans la journée, dans une interview télévisée sur BFMTV, il l’a qualifiée de menteuse. Elle a battu le record du monde de trahison, a-t-il déclaré.

Ian Langsdon/AFP/Getty Images

Marion Maréchal s’adresse dimanche aux partisans de son parti Reconquête, aux côtés du président du parti Eric Zemmour, à gauche. Maréchal et Zemmour se sont depuis disputés.

Ensuite, il a mis un terme à ses liens avec son parti, déclarant Maréchal et les trois législateurs européens nouvellement élus qui la soutenaient exilés du parti. Zemmour fait désormais figure de solitaire, avec un seul membre du Parlement européen, un paria même au sein de l’extrême droite.

Je suis désolé de devoir commenter ces querelles internes à l’heure où notre pays se meurt, à l’heure où l’espoir peut enfin renaître, a-t-il déploré sur X.

Dans sa déclaration sur X, anciennement Twitter, il a réfuté les accusations de Maréchal selon lesquelles il aurait conclu un accord avec le Rassemblement national.

À la suite de ce chaos, la journée de mercredi s’est terminée avec le divorce d’un parti de son chef après avoir déclaré une alliance et un autre dirigeant s’est retrouvé avec un seul législateur européen pour ne pas avoir fait de même.

À moins de deux semaines des élections législatives, prévues pour le 30 juin, on ne sait pas exactement dans quelle mesure ces querelles de droite affecteront les résultats nationaux.

Certes, cela fait du bien à Le Pen et au Rassemblement national de Bardellas. Ils constituent le muscle électoral incontesté de la droite et ont jusqu’à présent réussi à rester au-dessus de la mêlée.

Le soutien de Ciotti, même s’il est rejeté par d’autres membres de son parti traditionaliste, indique à quel point le Rassemblement national a progressé dans la politique dominante.

Extérieurement, la transformation du Rassemblement national d’extrémistes en favoris sur les listes électorales, pour au moins une partie substantielle des électeurs français, est achevée.

Alors que la droite française s’effondre autour d’eux, pour le parti Le Pens, cela pourrait être la plus belle victoire à ce jour.

Journaliste Julen Chavin a contribué à ce rapport

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