Baissez le chauffage : la France dévoile un plan d’économie d’énergie ambitieux La France dévoile un plan d’économie d’énergie
Les Français et les entreprises sont encouragés à prendre des douches plus courtes, à baisser les thermostats et à faire du covoiturage, mais aucune des mesures n’est contraignante
La France a dévoilé jeudi son plan d’économie d’énergie qui vise à réduire la consommation d’énergie de 10% d’ici 2024.
Cependant, le plan ne contient aucune mesure contraignante, ce qui est en contradiction avec un nouveau règlement adopté par les pays de l’UE il y a une semaine.
Le mot d’ordre est clair : mobilisation générale, a déclaré la ministre de la transition énergétique Agns Pannier-Runacher lors d’une conférence de presse annonçant le plan.
Ces mesures sont le résultat de quatre mois de discussions, suite à l’annonce en juin par la première ministre lisabeth Bornes d’un programme d’économie d’énergie pour chaque secteur de l’économie française en réponse à la crise énergétique et aux vulnérabilités du réseau électrique national.
Pour réduire la consommation d’énergie de 10% en deux ans, le gouvernement a prévu 15 mesures clés, allant de la réduction du chauffage à un maximum de 19C (66F) dans les bureaux à l’incitation au covoiturage.
Le plan comprend également des mesures spécifiques pour chacun des neuf secteurs économiques et sociaux ciblés : l’État, les entreprises et les organisations syndicales, les établissements recevant du public et les grandes surfaces, l’industrie, l’hébergement, les transports, le numérique et les télécommunications, le sport et les collectivités locales.
Par ailleurs, il sera conseillé aux particuliers de pratiquer des éco-gestes, allant de la réduction du temps de douche à l’extinction des appareils électroménagers lorsqu’ils sont en veille trop longtemps.
Pour le Premier ministre, il s’agit d’agir sur l’ensemble des économies d’énergie.
Aucune mesure contraignante
Si le gouvernement insiste sur la nécessité particulière de réduire la consommation d’énergie aux heures de pointe entre 8h et 12h et entre 18h et 20h, il ne fixe pas d’objectifs contraignants.
Il n’y aura pas de police de la température, a déclaré jeudi Pannier-Runacher à la radio locale RTL.
Cependant, dans sa feuille de route présentée le 14 septembre, la Commission européenne a fixé un objectif contraignant de réduction de 5 % de la consommation d’électricité aux heures de pointe. Et en juillet, les États membres de l’UE ont également convenu d’une réduction de 15 % de la consommation de gaz à la suite de l’agression militaire russe en Ukraine.
L’objectif de réduction de la demande d’électricité a été officiellement adopté jeudi soir après qu’un accord politique a été conclu vendredi dernier entre les 27 ministres de l’énergie de l’UE. Et même si les États membres resteront libres de choisir les moyens d’exécution appropriés, l’objectif de 5 % est juridiquement contraignant.
Seuls Malte et Chypre ont été exemptés.
Nous ne sommes pas sur la bonne voie
Alors que Pannier-Runacher a fait valoir sur RTL que les prix élevés de l’énergie inciteraient les entreprises et les ménages à agir, Thierry Bros, professeur d’énergie à Science-Po Paris, était moins optimiste.
Bros a déclaré à Euractiv que malgré des prix élevés, les stations-service TotalEnergies avaient encore vu une ruée vers les clients, à la fois accélérant les tensions d’approvisionnement et maintenant les niveaux de consommation.
Les mesures d’économie d’énergie ont tendance à être impopulaires, a-t-il expliqué, surtout si la réduction doit être maintenue sur deux ans. Une réduction de 10 % de la consommation d’énergie primaire équivaudrait à la baisse de consommation constatée lors des confinements liés au Covid-19, alors que l’économie ralentissait.
Bros a également souligné que le taux de réduction de la consommation de la France a été de 1 % par an au cours des dix dernières années. Si la France entend atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, il faudra aller cinq fois plus vite au cours des deux prochaines années, a-t-il déclaré.
Nous ne sommes pas sur la bonne voie », a déclaré le professeur, concluant que sans mesures contraignantes, atteindre l’objectif de 10 % n’est pas possible.
Selon le gouvernement, le paquet de mesures devrait néanmoins réduire la consommation d’environ 50 térawattheures (TWh) par an.
C’est aussi un premier pas vers la neutralité carbone, qui nécessitera une réduction de 40% de la consommation d’énergie d’ici 2050, a déclaré Pannier-Runacher sur RTL.
Le gouvernement insiste en outre sur le fait que les mesures n’auront pas d’effet négatif sur l’économie.
L’économie d’énergie ne signifie pas [] choisissant de réduire la production, a déclaré Borne lors de la conférence de presse.
Cet article a été publié pour la première fois dans Euractiv. Il a été légèrement modifié pour plus de clarté.