Alors que la France réduit son budget culturel, comment se comparent les autres pays ?

Euronews Culture examine comment les coupes budgétaires prévues dans le secteur culturel français s’alignent sur celles du Royaume-Uni et d’autres pays européens.

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Plus tôt cette année, le président Emmanuel Macron a procédé à d’énormes coupes budgétaires pour freiner les dépenses exorbitantes de la France. En février, 10 milliards de coupes budgétaires ont été annoncés, en plus d’une baisse des dépenses de 16 milliards déjà prévue par le budget 2024.

Alors qu’une grande partie des coupes budgétaires ont été ciblées de manière controversée sur les transports environnementaux et médicaux, l’un des principaux domaines confrontés à des coupes est également le secteur culturel.

Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé que le secteur culturel français verrait son budget annuel réduit de 204 millions d’euros, le principal secteur étant affecté à la création artistique.

C’est une décision qui a déjà été durement critiquée par de grands noms de l’industrie. Ludovic Nicot, un deuxième violoniste qui est monté sur scène lors des prix de la musique classique française en mars, a accusé Macron de sacrifier la culture en sacrifiant la musique.

Nicot s’est adressé à un public qui comprenait notamment la ministre de la Culture du pays, Rachida Dati, en déclarant : La première victime, c’est le public. Moins de concerts, moins d’opéras, moins d’artistes. Il faut mettre fin à cette érosion.

Dati, le nouveau ministre de la Culture, a été nommé au début de cette année. Elle a remplacé Rima Abdul Malak, qui a supervisé l’augmentation du budget culturel de la France au cours de son mandat de deux ans.

En septembre 2023, Abdul Malak a annoncé une augmentation des dépenses pour le budget culturel du pays, les augmentant de 6 % à 11 milliards. Cela s’élève à 4,466 milliards pour les missions Culture et Médias, et 4,025 milliards pour l’audiovisuel public français, financé sur fonds publics, pour le cinéma et la télévision.

Les 200 millions de coupes annoncées sont, au total, inférieurs à l’augmentation de 6 % esquissée par Malak, mais ils constituent néanmoins un coup dur pour une industrie dépendante des financements publics.

Comme le souligne le Times dans ses dépêches sur le sujet, l’opéra français est une industrie largement subventionnée, avec 360 millions provenant du gouvernement et 147 millions générés par les billets. L’opéra est un domaine clé du soft power culturel français et le maintien d’un prix abordable dépend de subventions car, contrairement au Royaume-Uni, ce n’est pas une industrie aussi dépendante de la philanthropie privée.

Les réductions dans d’autres secteurs ont été généralisées. La Croix rapporte que l’Opéra de Paris fait face à des coupes budgétaires de 6 millions, la Comédie-Française de 5 millions et le Louvre de 3 millions. Mais ce ne sont là que les plus grands noms, avec des coupes budgétaires dans presque tous les grands théâtres, galeries et orchestres.

Coupes budgétaires au Royaume-Uni

La France n’est pas la seule à faire face à une période difficile en matière de dépenses culturelles. Tous les pays européens sont sous le choc du ralentissement économique dû à la pandémie de Covid-19 et à la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Au Royaume-Uni, le pays est également confronté aux difficultés financières auto-infligées par le Brexit, ainsi qu’aux conséquences désastreuses d’un sous-financement chronique des services publics.

Les dépenses du Royaume-Uni par l’intermédiaire de son département Culture, Médias et Sport s’élevaient à 8,485 milliards (9,93 milliards) en 2022-2023, ce qui représente une augmentation par rapport aux 8,167 milliards dépensés au cours de la période 2021-2022 précédente. La récente augmentation est également toujours inférieure au budget de la période précédente avec 9,078 milliards dépensés en 2020-2021.

En termes réels, bien que le budget du département soit largement consacré au financement des radiodiffuseurs, l’argent alloué aux arts et à la culture n’est que de 475 millions (556 millions), auxquels s’ajoutent 361 millions (423 millions) allant au secteur via des subventions de loterie.

Le résultat de la stagnation du budget culturel absolu a été brutal dans l’ensemble du secteur au Royaume-Uni. Plusieurs conseils à travers le pays sont à court de financement et le financement des arts locaux a considérablement souffert. Certaines des plus grandes institutions culturelles du Royaume-Uni ont été réduites, depuis l’English National Opera jusqu’aux petits théâtres.

Un résultat plus pernicieux et à long terme des coupes dans les arts du gouvernement conservateur a été la combinaison de la réduction du financement des arts dans les écoles et de la diabolisation accrue des carrières artistiques comme étant non rentables.

Le secteur créatif génère 126 milliards (148 milliards) par an pour le Royaume-Uni et constitue une part importante du soft power du pays.

Autour de l’Europe

En Allemagne, nous avons déjà couvert l’annonce du ministre berlinois de la Culture, Joe Chialos, selon laquelle il augmenter le financement de la culture dans la capitale à 947 millions en 2024.

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Le financement global de la culture et des médias a également augmenté dans toute l’Allemagne. En 2022, il a été annoncé que le budget de la culture passerait à 2,3 milliards.

Cependant, en 2024, le gouvernement allemand a annoncé qu’il réduirait les dépenses culturelles, le dernier projet de budget réduisant les dépenses culturelles à 2,15 milliards.

Les Pays-Bas ont également progressivement réduit leur budget culturel. Alors que les dépenses ont été réduites de 1,456 milliard à 1,232 milliard entre 2020 et 2024, le financement parallèle a également diminué, quoique de manière moins significative, passant de 1,187 milliard à 1,049 milliard.

Sources supplémentaires Times, La Croix

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