A la louange des hommages de la France à la Reine | Le spectateur

La mort d’Elizabeth II a redécouvert à la Grande-Bretagne toutes les irrationalités chéries qui font de nous ce que nous sommes. Monarchie héréditaire. Apparition insondable. Chagrin démocratique. Le plaisir de faire la queue. Il n’y a aucune compréhension de ces coutumes; la tradition existe pour être suivie, non déduite. Pour aimer les Britanniques, il faut aimer, ou du moins accepter, leurs curieuses manies.

Il y a une irrationalité qui n’est pas vraiment chérie mais qui perdure néanmoins et la mort de Queens a souligné à quel point elle est irrationnelle et combien il est difficile d’aimer. L’aversion britannique pour les Français semble d’autant plus perverse la républiques réaction extraordinaire au décès du monarque le plus ancien de Grande-Bretagne.

La France peut être fièrement républicaine de sa propre irrationalité chérie, comme nous le voyons, mais elle avait une affection tranquille pour la reine. Elle a rencontré tous les présidents des quatrième et cinquième républiques. Elle parlait couramment le français et lors de ses nombreuses visites, elle prononçait des discours et conversait avec les présidents. en anglais. C’est le dixième et dernier président de sa connaissance qui a parlé de sa mort de manière plus poignante que tout autre dirigeant étranger.

En hommage, Emmanuel Macron a déclaré :

Nous lui sommes reconnaissants de sa profonde affection pour la France. Elizabeth II maîtrisait notre langue, aimait notre culture et touchait nos cœurs. Depuis son sacre, elle a connu et parlé avec tous nos présidents.

Aucun autre pays n’a eu le privilège de l’accueillir autant de fois que nous. En elle, j’ai connu un grand chef d’État, un exemple unique de dévouement à son peuple et une alliée très proche.

S’adressant directement au peuple britannique, il ajoutée:

Pour vous, elle était votre reine. Pour nous, elle était la reine. Elle sera avec nous tous pour toujours.

Les journaux français ont couvert sa disparition comme s’il s’agissait d’une mort au Palais de Lyse. Le FigaroLa première page de s portait une grande photographie de la défunte souveraine et le titre : Adieu à la reine : un rocher pour son royaume. Le Monde dédié une section détachable à une femme souveraine qui a marqué l’histoire. Une édition spéciale de Le Parisien annoncé:

Nous l’aimions tellement.

Même le radical Libération a consacré sa première page et 17 pages de reportage à la douleur de l’Angleterre.

Le palais de lyse a mis le drapeau français en berne et a affiché l’Union Jack. Le métro parisien a renommé une station en son honneur. Le Touquet-Paris-Plage rebaptise son aéroport en son honneur. Quand de Gaulle est mort, quand Mitterrand est mort, les respects britanniques ont été rendus et les condoléances ont été données, mais les effusions ne ressemblaient à rien de ce que nous avons vu chez nos voisins gaulois ces derniers jours.

La Grande-Bretagne a accueilli cette chaleur et cette générosité avec indifférence et même avec arrogance. La promenade incognito du président Macron dans la foule à Londres a été ridiculisée. La L’heure du dimanche a publié un article morveux citant un ancien diplomate affirmant que Macron serait hystérique s’il n’obtenait pas une place d’honneur aux funérailles. Les médias britanniques ont prêté peu d’attention au ton dominant de respect et de solidarité de l’élite française.

La francophobie, un préjugé plus de l’élite britannique que du peuple britannique, est une tradition que nous devrions laisser glisser dans le passé. Nous avons des divergences avec la France. Non seulement sur la question de la souveraineté populaire contre la monarchie constitutionnelle, mais sur l’Ukraine, les traversées de bateaux, l’Europe et les Aukus. Il y aura toujours des tensions, mais avec des têtes sages et de la bonne volonté, elles peuvent être résolues entre deux pays qui ont beaucoup à apprendre et à gagner l’un de l’autre.

Dans la perte de notre reine, les Français ont fait l’éloge de sa vie, partagé notre chagrin et nous ont embrassés comme des amis dans la douleur. Nous devrions les embrasser en retour.

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