#image_title

Opinion | Ce que veulent vraiment les électeurs en France et en Grande-Bretagne

Les observateurs politiques ont besoin d’un récit plus global, plus il est pertinent. Et alors que les élections américaines sombrent dans le chaos, les libéraux américains qui cherchent de l’autre côté de l’Atlantique un peu de contexte verront les alarmes s’allumer au rouge. En France, les élections législatives anticipées ont vu une victoire désolante au premier tour de Marine Le Pen, longtemps la bête noire du libéralisme européen, et une défaite humiliante pour le président Emmanuel Macron, presque une caricature de l’élite continentale.

Mais en Grande-Bretagne, une nouvelle élection surprise, prévue jeudi, risque de produire un résultat très différent, ce qui complique les efforts pour donner un sens unique à cette année de démocratie, au cours de laquelle plus de la moitié de la population mondiale se sera rendue aux urnes d’ici décembre.

Les élections britanniques semblent actuellement promises à une victoire écrasante pour le Parti travailliste, la plus large jamais remportée depuis au moins une génération dans une démocratie mature. Les dernières prévisions indiquent qu’une majorité parlementaire de 3 contre 1 est non seulement possible, mais probable. Certains suggèrent qu’une marge de 4 contre 1 est plausible, et les efforts des conservateurs pour avertir les électeurs de l’arrivée d’une supermajorité de gauche semblent avoir eu l’effet inverse, les rendant bien plus susceptibles de soutenir le Parti travailliste.

Keir Starmer, le Premier ministre présumé, a mené une campagne manifestement anti-populiste. Ceux qui évaluent les manifestes de chaque parti ont noté que le Parti travailliste promettait moins de dépenses que les conservateurs, ce qui signifie qu’une victoire du Parti travailliste pourrait encore être davantage une mise en accusation des conservateurs britanniques qu’un soutien à ses progressistes. (Et le parti ne devrait remporter qu’environ 40 % des voix nationales lors d’une élection à faible participation.) Mais après 14 ans de gouvernement conservateur, un Parlement travailliste à 3 contre 1 ou 4 contre 1 serait toujours un changement véritablement historique.

Ces résultats semblent contradictoires et rappellent que les élections dans tout pays sont complexes, idiosyncratiques et contingentes. Mais ensemble, ces deux élections semblent également confirmer que le grand mème de la politique mondiale du moment n’est pas exactement la droite ou la gauche, mais plutôt quelque chose qui ressemble à une opposition grossière aux titulaires.

Pour l’heure, tous les regards inquiets sont tournés vers la France. Mais cette élection, dont le second tour aura lieu ce week-end, ne sera peut-être pas un simple référendum sur le nationalisme sanguinaire de Le Pen au XXIe siècle. Elle en dit aussi long sur le dysfonctionnement stratégique inhérent aux partis politiques français et sur la faiblesse du pouvoir démodé, visible dans de nombreux endroits au-delà de la France.

Le Rassemblement national de Le Pen est dans une position plus forte que jamais auparavant, mais lors des élections précédentes, ses candidats ont été débordés au second tour après que leurs adversaires se soient regroupés pour les vaincre. Cette fois, les frictions entre le parti de Macron, arrivé en troisième position, et le Nouveau Front populaire progressiste (qui a terminé deuxième au premier tour) ont rendu la formation d’une alliance plus difficile. C’est un signe inquiétant que l’establishment français pourrait désormais préférer fonctionnellement une victoire de l’extrême droite à une alliance avec la gauche, et un autre signe de la dérive marginale du centre-droit bourgeois du continent.

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite