La France ouvre une enquête sur les violences en Nouvelle-Calédonie qui ont fait 7 morts | Gazette démocrate de l’Arkansas
NICE, France — Le procureur français de Nouvelle-Calédonie a déclaré que les autorités avaient ouvert une enquête sur des troubles qui ont fait sept morts et d’importantes destructions dans l’archipel du Pacifique, marqué par des décennies de tensions entre les indépendantistes et les fidèles de la France.
Les violences ont éclaté le 13 mai en réponse aux tentatives d’amendement de la Constitution française et de modification des listes électorales en Nouvelle-Calédonie. La France a déclaré l’état d’urgence sur son territoire du Pacifique le 15 mai et a dépêché des centaines de renforts pour aider la police à réprimer la révolte qui s’est accompagnée de fusillades, d’affrontements, de pillages et d’incendies criminels.
« Nous nous intéressons à ceux qui tirent les ficelles, qui ont dirigé la planification et ont commis ces exactions en Nouvelle-Calédonie », a déclaré mardi le procureur Yves Dupas dans un entretien à France Info. Il a ajouté que les enquêteurs s’intéressent à toute personne sur l’île « quel que soit son niveau d’implication ou de responsabilité » dans les troubles, qu’elle soit « les auteurs ou leurs sponsors ».
Il a déclaré que les autorités enquêtaient sur des accusations d’association de malfaiteurs, d’actes criminels et de délits.
Les autorités enquêtent également sur les personnes soupçonnées de violences contre des civils pris dans les troubles, a indiqué Dupas. Il a indiqué que plusieurs policiers de Nouvelle-Calédonie sont en garde à vue.
Parmi les sept personnes tuées dans la fusillade, on compte quatre membres de la communauté autochtone kanak et deux gendarmes, a indiqué M. Dupas. L’un des gendarmes a été tué par un coup de feu accidentel, selon le ministère français de l’Intérieur.
Le procureur a déclaré qu’il ne savait pas si l’une des personnes tuées dans les troubles avait un lien avec l’ancien footballeur français Christian Karembeu, qui a déclaré lundi qu’il était « en deuil » parce que deux membres de sa famille ont été mortellement abattus lors des récentes violences.
Karembeu, qui est Kanak et a déménagé en France métropolitaine alors qu’il était adolescent, a été interrogé lors d’un entretien avec la chaîne française Europe 1 si ses proches avaient été visés lors des récentes violences. Le vainqueur de la Coupe du Monde 1998 avec la France a déclaré : « C’est vrai, oui, c’est un assassinat, et nous espérons qu’il y aura des enquêtes et des investigations sur ces meurtres ».
Depuis le 12 mai, 442 personnes ont été détenues en Nouvelle-Calédonie, a indiqué M. Dupas. Parmi eux, 90 ont été déférés au tribunal, a-t-il précisé.
Le président français Emmanuel Macron a décidé lundi de lever l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie pour faciliter le dialogue entre les acteurs locaux et les autorités françaises sur l’avenir de l’archipel de 270 000 habitants et rétablir la paix.
Les partis indépendantistes et les dirigeants kanak ont exhorté Macron à retirer le projet de réforme électorale si la France veut « mettre fin à la crise ». Les opposants craignent que la législation électorale profite aux politiciens pro-français de Nouvelle-Calédonie et marginalise davantage les autochtones Kanaks qui militent depuis longtemps pour se libérer de la domination française, dans un contexte de fortes disparités économiques.
La Nouvelle-Calédonie est devenue française en 1853 sous l’empereur Napoléon III, neveu et héritier de Napoléon. Elle devient territoire d’outre-mer après la Seconde Guerre mondiale, la nationalité française étant accordée à tous les Kanaks en 1957.
Les personnes d’origine européenne, principalement françaises, en Nouvelle-Calédonie, qui a longtemps servi de colonie pénitentiaire à la France et qui dispose désormais d’une base militaire française, font la distinction entre les descendants des colonisateurs et les descendants des nombreux prisonniers envoyés de force sur le territoire.
