Les salariés de RFI poursuivent leur grève contre la fusion des médias publics français
Les salariés du secteur public français de l’audiovisuel, y compris RFI, ont poursuivi leur grève pour un deuxième jour vendredi pour protester contre un projet de fusion d’entreprises de médias financées par l’État.
Publié le:
2 minutes
D’autres programmes et magazines ont été suspendus vendredi après que des travailleurs de France Médias Monde, France Télévisions et Radio France aient arrêté leurs équipements la veille, obligeant à l’annulation des émissions.
Des rassemblements ont eu lieu près de l’Assemblée nationale et du ministère de la Culture à Paris.
Un débat au Parlement consacré à l’examen des détails du projet de loi, qui, selon la ministre de la Culture, Rachida Dati, renforcera l’industrie des médias publics, a été reporté au mois de juin.
Dans un message sur les réseaux sociaux,Datischerche à rassurer les salariés.
« Je veux vous garantir non seulement la pérennité mais (aussi) votre force dans un monde de concurrence exacerbée entre plateformes et réseaux sociaux », écrit-elle.
« Evidemment, nous n’allons standardiser ni les métiers ni les activités », a-t-elle insisté mercredi au Sénat lors des questions au gouvernement.
Le prédécesseur de Dati, Franck Riester, a tenté de faire adopter une refonte des sociétés de médias publiques, mais celle-ci a été abandonnée en raison de la pandémie de Covid.
La première étape de la réorganisation serait une phase transitoire, avec une société holding commune pour l’audiovisuel public à compter du 1er janvier 2025. Une fusion suivrait un an plus tard.
Le projet de loi donnerait naissance à une société géante appelée France Médias. Il serait doté d’un budget de 4 milliards et regrouperait France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Quelque 16 000 employés seraient concernés par ce changement.
Il n’est pas encore décidé si France Médias Monde (RFI, France 24, Monte Carlo Doualiya) fera partie du projet de fusion.
« Démagogique et dangereux »
Dans une chronique du quotidienLe Mondepublié mercredi, plus de 1 100 salariés de Radio France ont qualifié le projet de démagogique, d’inefficace et de dangereux.
« Notre survie est en jeu », ont-ils écrit.
Les représentants syndicaux de France Télévisions ont déclaré dans un communiqué : « A l’heure où l’audiovisuel public joue pleinement son rôle face à des médias privés contrôlés par une poignée de milliardaires, pourquoi les impliquer dans une fusion complexe, anxiogène pour les salariés, et sans véritable objectif éditorial ?
Divisions politiques
Les députés d’extrême droite du Rassemblement national (RN) sont favorables à une privatisation pure et simple de l’audiovisuel public et soutiennent le projet de fusion.
Les partis de droite, comme Les Républicains, ne sont pas non plus opposés à une fusion, mais s’interrogent sur la faisabilité du calendrier.
La France Insoumise (LFI), d’extrême gauche, voit dans ce projet « le point culminant du dénigrement et de l’affaiblissement » du service public et une tentative de prise de contrôle par le président Emmanuel Macron.
« Revenir à l’époque de l’ORTF ne nous permettra pas de rivaliser avec Netflix », ont déclaré les Verts.
L’ORTF est la structure qui regroupait l’audiovisuel public français jusque dans les années 1970, et dont le manque d’indépendance était critiqué.