Pourquoi y a-t-il des émeutes en Nouvelle-Calédonie contre le changement de vote en France, et pourquoi est-ce important ?
Des violences meurtrières ont éclaté en Nouvelle-Calédonie, un territoire français d’outre-mer du Pacifique Sud, après que les législateurs de Paris ont approuvé un amendement constitutionnel permettant aux nouveaux arrivants sur le territoire de voter aux élections provinciales.
L’amendement, dont certains dirigeants locaux craignent qu’il ne dilue le vote du peuple autochtone kanak, est le dernier point chaud d’une lutte qui dure depuis des décennies sur le rôle de la France dans l’île.
Au moins trois personnes sont mortes lors des manifestations, qui ont incité les autorités à fermer l’aéroport international et les écoles et à imposer un couvre-feu dans la capitale, Nouma, où des commerces et des véhicules ont été incendiés.
Où se trouve la Nouvelle-Calédonie ?
Située dans les eaux chaudes du sud-ouest du Pacifique, à 1 500 km à l’est de l’Australie, la Nouvelle-Calédonie abrite 270 000 habitants, dont 41 % de Kanaks mélanésiens et 24 % d’origine européenne, en majorité française.
L’archipel a été nommé ainsi par l’explorateur britannique, le capitaine James Cook, en 1774. Il a été annexé par la France en 1853 et a été utilisé comme colonie pénitentiaire jusqu’au début du XXe siècle.
En quoi est-ce important?
La Nouvelle-Calédonie, l’un des cinq territoires insulaires de l’Indo-Pacifique détenus par la France, est au cœur du projet d’Emmanuel Macron visant à accroître l’influence française dans le Pacifique.
Troisième producteur mondial de nickel, la Nouvelle-Calédonie se trouve au cœur d’une région maritime géopolitiquement complexe, où la Chine et les États-Unis se disputent le pouvoir et l’influence en matière de sécurité et de commerce. Sans nommer la Chine, le président français a précédemment déclaré que la volonté française d’étendre son influence dans le Pacifique était d’assurer un développement fondé sur des règles.
Quelle est son histoire avec la France ?
Après la colonisation française au XIXe siècle, la Nouvelle-Calédonie devient officiellement un territoire français d’outre-mer en 1946. À partir des années 1970, après un boom du nickel qui attire les étrangers, les tensions montent sur l’île, avec divers conflits entre Paris et les mouvements indépendantistes kanak.
Un accord de Nouma de 1998 a contribué à mettre fin au conflit en traçant la voie vers une autonomie progressive et en limitant le droit de vote aux Kanak et aux migrants vivant en Nouvelle-Calédonie avant 1998. L’accord prévoyait la tenue de trois référendums pour déterminer l’avenir du pays. Dans les trois cas, l’indépendance a été rejetée.
Pourquoi les tensions ont-elles explosé récemment ?
Aux termes de l’accord de Nouma, le droit de vote aux élections provinciales était réservé aux personnes ayant résidé en Nouvelle-Calédonie avant 1998 et à leurs enfants. Cette mesure visait à donner une plus grande représentation aux Kanaks, devenus une population minoritaire.
Paris en est venu à considérer cet arrangement comme antidémocratique et les législateurs ont approuvé un amendement constitutionnel visant à ouvrir le corps électoral aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins 10 ans.
Macron a déclaré qu’il retarderait l’adoption de ce projet de loi et inviterait des représentants de la population du territoire à Paris pour des négociations visant à parvenir à un règlement négocié. Cependant, il a déclaré qu’un nouvel accord devait être conclu d’ici juin, sinon il le signerait.