Macron annonce un projet de loi sur l’aide médicale à mourir
Crédit : CC0 Domaine public
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Le président français Emmanuel Macron présentera au Parlement en mai un projet de loi sur l’aide à mourir, a-t-il déclaré dans une interview publiée dimanche par les médias français.
Cette décision pourrait faire de la France le prochain pays européen à légaliser l’euthanasie des malades en phase terminale, après une longue consultation avec un comité de citoyens français sur « l’aide active à mourir ».
Seuls les adultes disposant de la pleine maîtrise de leur jugement, atteints d’une maladie incurable mettant leur vie en danger à court ou moyen terme et dont la douleur ne peut être soulagée pourront « demander qu’on les aide à mourir », a déclaré Macron à La Croix et Libération. .
Ce changement est nécessaire « car il y a des situations qu’on ne peut pas humainement accepter », a déclaré Macron. L’objectif était de « concilier l’autonomie de l’individu avec la solidarité de la nation.
« Avec ce projet de loi, nous sommes face à la mort », a-t-il déclaré.
Mais cette décision très controversée risque de susciter une vive opposition, et même si le projet de loi serait présenté avant les élections européennes de juin, son adoption est peu probable avant 2025.
Alors que les sondages d’opinion suggèrent qu’une majorité de Français sont favorables à une législation sur le droit de mourir, les chefs religieux de ce pays traditionnellement catholique ainsi que de nombreux agents de santé s’y opposent.
Macron a reconnu le débat en annonçant le projet de loi simultanément à La Croix, un quotidien catholique, et à Libération, de gauche, qui défend la cause de l’euthanasie.
Cette décision intervient quelques jours après que Macron ait lancé un effort visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française au début du mois, le premier pays au monde à le faire.
« Critères précis »
Le président a déclaré que les mineurs et les patients souffrant de maladies psychiatriques ou neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer ne seraient pas éligibles.
Si les professionnels de la santé donnaient leur accord, une substance mortelle serait prescrite au patient, qui pourrait l’administrer lui-même ou avec l’aide d’un tiers s’il ne pouvait physiquement le faire.
Le tiers peut être un bénévole, le médecin ou l’infirmière qui soigne le patient, selon le texte, tandis que la substance peut être administrée au domicile du patient, dans des maisons de retraite ou des centres de soins.
Les experts médicaux disposeraient d’un délai de 15 jours pour répondre à une demande d’aide à mourir et un accord serait valable trois mois, période pendant laquelle le patient pourrait se rétracter, a précisé Macron.
Macron a déclaré que si les professionnels de la santé rejetaient la demande, le patient pourrait consulter une autre équipe médicale ou faire appel.
Il a ajouté qu’il souhaitait éviter les termes de suicide assisté ou d’euthanasie car le consentement du patient est essentiel, avec une place pour l’avis médical et des « critères précis ».
Jusqu’à présent, les patients français souffrant souhaitant mettre fin à leurs jours devaient voyager à l’étranger, notamment en Belgique voisine.
Une loi de 2005 a légalisé l’euthanasie passive, comme le refus du maintien artificiel de la vie, comme un « droit à mourir ».
Une loi de 2016 autorise les médecins à associer cette opération à une « sédation profonde et continue » pour les patients en phase terminale souffrant de douleurs.
Mais l’euthanasie active, par laquelle les médecins administrent des doses mortelles de médicaments à des patients souffrant d’une maladie incurable, est illégale.
Le suicide assisté, qui permet aux patients de recevoir de l’aide pour se suicider volontairement, est également interdit.