La France inscrit le droit à l’avortement dans sa Constitution
FLa France est devenue le premier pays au monde à inscrire explicitement le droit à l’avortement dans sa constitution, dans un contexte de recul des droits reproductifs aux États-Unis et ailleurs.
Après un vote final lundi soir, le projet de loi a été approuvé par les parlementaires convoqués à Paris par le président Emmanuel Macron pour une réunion extraordinaire au château de Versailles. Le projet de loi historique visant à protéger le droit à l’avortement avait besoin d’au moins les trois cinquièmes des voix pour être adopté.
« Nous envoyons un message à toutes les femmes. Votre corps vous appartient et personne ne peut décider à votre place », a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal aux députés et sénateurs réunis au congrès.
L’amendement récemment approuvé protège les femmes cherchant à avorter en vertu de l’article 34 de la constitution française de 1958. Le gouvernement Macron a proposé la rédaction suivante : La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté des femmes de recourir à l’avortement, qui est garantie.
En janvier, l’Assemblée nationale française, la chambre basse de son Parlement, a voté massivement en faveur du projet de loi. Mercredi, le Sénat a également approuvé le projet de loi, modifiant le libellé de l’amendement pour « liberté garantie » après la résistance des conservateurs.
Le projet de loi a été globalement bien accueilli dans l’ensemble du spectre politique, aucun parti politique majeur au Parlement ne s’y étant opposé. Il s’agit du 25e amendement apporté au document fondateur de la Ve République.
Dans un poste sur X le 28 février, Macron a déclaré qu’il s’engageait à rendre irréversible la liberté des femmes d’avorter avec ce projet de loi.
La législation s’inspire du recul des droits reproductifs dans un certain nombre de pays, notamment aux États-Unis. En 2022, la Cour suprême des États-Unis a annulé Roe v. Wade, qui offrait depuis 1973 une protection fédérale du droit à l’avortement aux Américains.
Malheureusement, cet événement n’est pas isolé : dans de nombreux pays, même en Europe, il existe des courants d’opinion qui cherchent à entraver à tout prix la liberté des femmes d’interrompre leur grossesse si elles le souhaitent, précise l’introduction de la législation française.
Les avortements en France sont légaux depuis 1975 et peuvent avoir lieu jusqu’à 14 semaines après la conception, suite à la mise à jour de la législation en 2022.
Suite à l’approbation du Sénat mercredi, le Premier ministre français Gabriel Attal a déclaré : « Lorsque les droits des femmes sont attaqués dans le monde, la France se lève et se place à l’avant-garde du progrès.
Mais les observateurs affirment que cette initiative est un effort politique de Macron pour attirer les personnalités de gauche de son parti Renaissance après des positions controversées sur la réforme des retraites et l’immigration.
Certains ont également fait valoir que l’avortement est déjà protégé par la Constitution suite à un arrêt de 2001 dans lequel le Conseil constitutionnel français a approuvé l’avortement dans le cadre des libertés consacrées dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789.
Anne Levade, professeur de droit à l’Université Paris-Sorbonne, a déclaré à la BBC : « Au-delà d’être un symbole, la révision ne changera absolument rien.