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« Pas en guerre contre la Russie » : les alliés européens et américains déconcertés par les commentaires de Macron sur les troupes en Ukraine

Le président français Emmanuel Macron a été confronté mardi à des réactions d’inquiétude de la part de ses alliés européens et à un avertissement du Kremlin après avoir refusé d’exclure l’envoi de troupes terrestres occidentales en Ukraine dans sa lutte contre l’invasion russe.

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Macron a déclaré lundi à l’issue d’une conférence des dirigeants européens que « tout ce qui est nécessaire » doit être fait pour assurer la défaite de la Russie, y compris le déploiement de troupes.

Le Kremlin a mis en garde contre le caractère « inévitable » d’une confrontation entre l’OTAN et la Russie si des troupes de l’alliance étaient déployées dans le conflit, ce qui briserait un tabou majeur que l’Occident a jusqu’ici hésité à remettre en question.

Macron a accueilli la conférence un peu plus de deux ans jour pour jour après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cherchant à rallier un plus grand soutien à Kiev, qui est confrontée à des défis croissants sur le champ de bataille et à la diminution des stocks de munitions.

Il a dressé un tableau sombre de la Russie sous le président Vladimir Poutine, affirmant qu’il y avait eu un « changement de posture » même au cours des derniers mois, qui avait entraîné un durcissement de sa position tant au niveau national qu’en Ukraine.

S’il n’y a « pas de consensus » sur l’envoi de troupes terrestres occidentales en Ukraine, « rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a ajouté Macron.

« Pas en guerre contre la Russie »

Macron avait refusé d’en dire plus sur la position de la France, invoquant la nécessité d’une « ambiguïté stratégique », mais affirmant que la question était évoquée « parmi les options ».

« Nous sommes convaincus que la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité en Europe », a déclaré Macron.

Le Premier ministre slovaque Robert Fico, accusé par les critiques d’être trop proche de Moscou, a déclaré après la réunion qu’il existait une désunion sur cette question entre les dirigeants européens.

« Il y a des pays qui sont prêts à envoyer leurs propres soldats en Ukraine, il y a des pays qui disent que la Slovaquie n’en fera jamais partie et il y a des pays qui disent que cette proposition devrait être prise en considération », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, qui est sur le point d’adhérer à l’OTAN, a jeté un regard froid sur cette idée, affirmant que « ce n’est pas du tout envisageable pour le moment ».

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré dans un message irritant sur X : « Nous avons convenu hier à Paris que tout le monde devait faire davantage pour l’Ukraine. L’Ukraine a besoin d’armes, de munitions et de défense aérienne. Nous y travaillons. C’est clair : il n’y aura pas de terrain ». troupes des pays européens ou de l’OTAN.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que si des troupes de l’OTAN apparaissaient en Ukraine, « nous devrions parler non pas de la possibilité mais de l’inévitabilité » d’une confrontation.

« Cela n’est absolument pas dans l’intérêt de ces pays, ils devraient en être conscients », a-t-il ajouté.

Un responsable de l’OTAN, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a souligné qu' »il n’y a aucun projet de troupes de combat de l’OTAN sur le terrain en Ukraine » malgré le « soutien militaire sans précédent » de l’alliance.

Le gouvernement italien a déclaré que le soutien à l’Ukraine n’incluait pas l’envoi de troupes.

« Lorsque nous parlons d’envoyer des troupes, nous devons être très prudents car nous ne devons pas faire croire que nous sommes en guerre contre la Russie », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani.

« Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie », a-t-il déclaré.

Mais le Royaume-Uni a émis une réaction un peu plus circonspecte, le porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak affirmant qu’il n’était pas prévu de déployer des troupes « à grande échelle » en Ukraine.

« Seuil de belligérance »

Il est entendu que les troupes occidentales éventuellement envoyées en Ukraine n’auraient pas pour mandat de combattre les forces russes mais travailleraient sur les priorités exposées par Macron lors de sa conférence de presse, notamment le déminage, la sécurisation des pays voisins comme la Moldavie et la lutte contre les cyberattaques.

« Nous ne parlons pas de soldats en première ligne, au combat, mais d’activités spécifiques, loin du front », a déclaré Rym Momtaz, chercheuse consultante à l’Institut international d’études stratégiques (IISS).

Mais au Parlement, Macron a été critiqué par la figure d’extrême droite Marine Le Pen qui l’a accusé de « faire un pas supplémentaire vers la belligérance, faisant peser un risque existentiel sur 70 millions de Français ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourne, a déclaré aux législateurs que même si de nouvelles actions visant à soutenir l’Ukraine, telles que le déminage et la production d’armes, pourraient nécessiter une présence militaire sur le territoire ukrainien, cela ne briserait « aucun seuil de belligérance ».

Des doutes grandissent quant à la viabilité du soutien américain à long terme à l’Ukraine, alors qu’un nouveau programme d’aide peine à trouver l’approbation législative et que Donald Trump, qui a indiqué son opposition à un soutien supplémentaire à Kiev, envisage un retour à la présidence lors des élections de cette année.

« C’est notre avenir, l’avenir de l’Europe qui est en jeu. Nous devons avoir la possibilité de nous passer (des Etats-Unis), non par défi, pessimisme ou peur mais parce que cela dépend de nous », a déclaré Macron.

(AFP)

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