Macron est ouvert aux achats de munitions hors UE pour l’Ukraine alors que les dirigeants occidentaux se réunissent à Paris
Le président français Emmanuel Macron a indiqué lundi 26 février qu’il serait ouvert aux achats de munitions hors UE pour l’Ukraine. alors que les alliés ont convenu d’intensifier de toute urgence leurs efforts pour livrer davantage d’obus à Kiev, compte tenu d’une grave pénurie.
Une vingtaine de dirigeants européens se sont réunis lundi à Paris pour un sommet de soutien à l’Ukraine, organisé sous les auspices de Macron la semaine dernière alors que la guerre de la Russie contre l’Ukraine entre dans sa troisième année, visant à trouver des moyens permettant aux pays occidentaux de renforcer leur soutien militaire à Kiev.
Le sommet de Paris s’est tenu dans un contexte d’inquiétudes croissantes quant à la menace croissante que représente la Russie pour l’Ukraine et l’Occident.
J’ai noté que plus ou moins tous les pays représentés autour de cette table ont dit… que le consensus commun était que nous devrions être prêts dans quelques années à ce que la Russie attaque (ces) pays, a déclaré Macron aux journalistes à Paris.
Ses commentaires interviennent après que les militaires des pays européens ont de plus en plus averti au fil des semaines qu’ils pensaient que la Russie pourrait tenter de saper l’OTAN au cours de la décennie à venir.
Progrès des munitions
Des progrès ont été réalisés dans le cadre d’une initiative menée par la République tchèque visant à acheter des centaines de milliers de munitions à des pays tiers, ce à quoi la France se montre prudente car elle donne la priorité au développement de sa propre industrie européenne.
De nombreux pays européens tentent d’augmenter leur capacité de production, mais ce processus prendra du temps. D’ici l’année prochaine, en 2025, la production en Europe et en Ukraine pourrait déjà être suffisante, mais nous devons combler cette période », a déclaré lundi le Premier ministre tchèque Petr Fiala aux journalistes.
Fiala a déclaré qu’environ 15 pays avaient accepté de signer son initiative. « Nous parlons de centaines de milliers de munitions que nous devrions et pourrions obtenir dans un délai relativement court », a-t-il déclaré aux journalistes.
L’approvisionnement en munitions est devenu un problème crucial pour Kiev, ses troupes étant de plus en plus désavantagées sur le champ de bataille.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy avertit depuis des mois qu’une action immédiate est absolument nécessaire pour pallier le manque de munitions, alors que Kiev est dépassée par 10 contre 1 par la Russie en première ligne.
Avant le sommet, Zelensky a averti à Kiev que l’UE avait largement manqué à ses promesses en matière de livraisons de munitions.
C’est la priorité des priorités, a déclaré Macron, ajoutant qu’un plan d’action plus clair devrait être élaboré dans les dix prochains jours.
L’engagement des dirigeants occidentaux intervient alors que l’engagement de l’UE de produire 1 million de munitions d’ici le printemps 2024 ne s’est pas concrétisé, la moitié seulement devant être prête et expédiée en Ukraine d’ici mars.
L’engagement de l’UE en matière de munitions était sans aucun doute un engagement imprudent, a déclaré Macron.
Les commentaires de Macron marquent un changement soudain dans la réticence initiale de la France à dépenser l’argent de l’UE dans des industries autres que européennes.
Depuis des mois, elle réclamait une clause d’achat européenne pour tout ce qui concerne les équipements militaires, mais celle-ci semble avoir été, au moins temporairement, mise de côté pour répondre aux besoins les plus urgents de l’Ukraine.
« Pas de consensus » sur les troupes européennes
« Il n’y a pas de consensus à ce stade (…) pour envoyer des troupes sur le terrain », a déclaré Macron aux journalistes. « Rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la Russie ne gagne pas.»
Il n’a pas précisé quels pays envisageraient de prendre une telle mesure, embrassant « l’ambiguïté stratégique ».
Jusqu’à présent, aucun État membre européen n’a laissé entendre qu’il envisageait d’envoyer des troupes combattre en Ukraine et il n’est pas non plus prévu d’envoyer des troupes de l’OTAN, car cela entraînerait probablement l’alliance dans la guerre en tant que partie au conflit.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, qui s’est opposé à l’aide militaire à l’Ukraine, a déclaré avant les négociations que plusieurs membres de l’OTAN et de l’UE envisageaient d’envoyer des soldats en Ukraine sur une base bilatérale.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui est le favori pour devenir le prochain secrétaire général de l’OTAN, a déclaré aux journalistes que la question de l’envoi de troupes n’était pas au centre des discussions de lundi.
Des engagements plus concrets
Les dirigeants ont approuvé cinq catégories d’actions sur lesquelles travailler de toute urgence : la cyberdéfense ; coproduction d’armes et de munitions sur le sol ukrainien ; la défense des pays confrontés à une menace directe de la Russie, au premier rang desquels la Moldavie ; le soutien à l’Ukraine à sa frontière biélorusse par le biais de forces non militaires ; et les opérations de déminage.
Une nouvelle coalition inter-pays verra également le jour pour se concentrer sur les missiles et les bombes à moyenne et longue portée.
Macron a réitéré son soutien à la proposition du Premier ministre estonien Kaja Kallas d’un nouveau cycle de dette commune de l’UE pour soutenir Kiev, qualifiant l’agression russe de choc géopolitique justifiant des mesures exceptionnelles.
Les pays de l’UE ont approuvé le 1er février un programme d’aide à l’Ukraine de 50 milliards sur quatre ans, et des accords bilatéraux de sécurité ont été signés avec des États membres clés, notamment la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, le Danemark et l’Italie la semaine dernière.
Pendant ce temps, un programme d’aide de 95 milliards de dollars à l’Ukraine, à Taiwan et à Israël est toujours bloqué au Congrès américain, et l’ombre du candidat républicain Donald Trump plane sur l’UE, alors qu’il menace de se retirer de l’alliance militaire de l’OTAN s’il était réélu en 2017. Novembre.
(Edité par Alexandra Brzozowski/Alice Taylor)
