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« Cela ne peut pas continuer »: le scandale autour de la grâce présidentielle pour abus sexuels sur enfants ébranle la Hongrie d’Orban

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est confronté à sa plus grande crise politique depuis son retour au pouvoir en 2010, à la suite de la démission choc de deux de ses alliés suite à une affaire d’abus sexuels sur des enfants.

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La présidente hongroise Katalin Novak et l’ancienne ministre de la Justice Judit Varga – les femmes les plus en vue du parti au pouvoir, le Fidesz – ont démissionné samedi suite à la grâce accordée au complice d’un pédophile reconnu coupable.

Alors que les élections locales et européennes de juin approchent à grands pas, Orban est confronté à une rare colère du public, notamment de la part d’un membre du gouvernement et de l’ex-mari de Varga, Peter Magyar, qui s’est élevé contre le système de pouvoir du Premier ministre.

Depuis son retour au pouvoir en 2010, « aucun scandale politique n’a eu un impact politique aussi rapide et aussi grave », a déclaré le groupe de réflexion Political Capital dans un rapport.

« Ce qui rend ces événements extraordinaires, c’est qu’une controverse en entraîne une autre et que le gouvernement est tout simplement incapable d’y mettre un terme », a déclaré à l’AFP Robert Laszlo, analyste de l’institut.

Corruption et copinage

À la suite de ces démissions surprises, Peter Magyar, qui a occupé plusieurs postes de direction dans des entreprises publiques, s’est adressé aux médias sociaux pour lancer de nouvelles critiques à l’encontre des politiciens au pouvoir du Fidesz.

« Je ne veux pas un instant faire partie d’un système dans lequel les vrais coupables se cachent derrière les jupes des femmes », a-t-il écrit sur Facebook, annonçant son retrait de deux entreprises publiques.

Dimanche soir, Magyar a augmenté la mise en accordant une longue interview à la chaîne YouTube Partizan, l’un des rares médias indépendants restants à ne pas être dominé par des voix pro-gouvernementales.

Dans la vidéo, qui a recueilli plus de 1,6 million de vues sur la plateforme, Magyar a critiqué la corruption endémique en Hongrie.

Il a dénoncé l’énorme richesse accumulée par l’entourage de Viktor Orban au fil des années, alors que Bruxelles a gelé des milliards d’euros en raison de soupçons d’utilisation abusive des fonds européens.

« Il faut dire maintenant que cela ne peut pas continuer », a déclaré Magyar, se demandant s’il était « normal » que « quelques familles possèdent la moitié du pays ? ».

Il a également visé le puissant chef de cabinet d’Orban, Antal Rogan, le qualifiant de « cardinal Richelieu » du Fidesz, qui, selon lui, avait un contrôle presque total sur la communication du gouvernement, un peu comme le conseiller royal français du XVIIe siècle.

Magyar n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de l’AFP.

Un porte-parole d’Orban a déclaré que « le gouvernement ne se préoccupe pas des tentatives désespérées de personnes se trouvant dans des situations désespérées », sans fournir davantage d’informations.

Des fondations solides

Orban n’a pas abordé publiquement la controverse depuis près d’une semaine, tout en restant discret sur les réseaux sociaux, tous les regards étant tournés vers son discours annuel sur l’état de la nation prévu samedi.

« Le scandale a frappé au cœur du gouvernement Orban, qui a dépensé des sommes considérables d’argent et d’énergie pour construire un discours sur la protection des enfants », a déclaré à l’AFP Andras Biro-Nagy, directeur de l’institut Policy Solutions.

L’affaire a révélé que « c’était une histoire tout simplement inacceptable et intenable », a-t-il ajouté.

Il a ajouté que l’indignation du public était amplifiée par le fait que Novak – l’ancien ministre hongrois de la Famille – avait été le visage d’une politique « favorable à la famille ».

Malgré ces démissions abruptes, aucune explication n’a jusqu’à présent été donnée concernant la grâce présidentielle.

L’évêque calviniste et conseiller de Novak, Zoltan Balog, a confirmé les informations des médias selon lesquelles il avait soutenu l’octroi de la grâce à l’ancien directeur adjoint d’un foyer pour enfants, qui avait aidé à dissimuler les abus sexuels commis par son patron sur les enfants dont ils avaient la charge.

Suite aux manifestations de la semaine dernière organisées par l’opposition, des personnalités influentes ont appelé à un nouveau rassemblement vendredi.

Reste à savoir si Orban pourra tourner rapidement la page de la polémique.

« Pour le moment, il semble peu probable que la réputation d’Orban auprès de ses partisans soit endommagée », a déclaré Political Capital dans son rapport, étant donné la solidité avec laquelle le leader nationaliste a établi son pouvoir.

Mais les experts s’attendent à ce que le gouvernement lance de nouvelles mesures de répression contre la presse indépendante qui a révélé le scandale de la grâce.

(AFP)

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