Entretien HT: la France envisage de former le personnel indien à la technologie EPR, déclare le ministre français

New Delhi

La ministre française de la transition énergétique, Agns Pannier-Runacher, a déclaré. (Twitter)
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La France prévoit de former du personnel indien à la technologie EPR (réacteur pressurisé européen) dans le cadre des travaux du projet de centrale nucléaire de Jaitapur, qui comportera une importante composante Make in India, a déclaré la ministre française de la transition énergétique Agns Pannier-Runacher.

Dans une interview avant sa participation virtuelle à une réunion des ministres de l’énergie du G20 à Goa samedi, elle a déclaré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a montré que l’énergie est cruciale pour l’autonomie stratégique. Extraits édités :

Q. Quelles sont les priorités de la France pour la réunion des ministres de l’énergie du G20 et comment vos intérêts convergent-ils avec l’Inde ?

R : La présidence indienne a fixé des ambitions très fortes pour l’agenda du G20 sur les enjeux de la transition énergétique, que la France soutient pleinement. Notre priorité, que je soulignerai à Goa, est de renforcer le niveau d’engagement multilatéral en faveur de la neutralité carbone et de l’élimination progressive des combustibles fossiles. Je soulignerai la nécessité de relever les multiples défis de la transition énergétique en décarbonant le mix énergétique, la sécurité énergétique et la diversification des chaînes d’approvisionnement et d’assurer une transition énergétique inclusive. L’efficacité énergétique, les économies d’énergie et l’adoption de modes de vie plus durables sont au cœur de ces efforts, c’est pourquoi la France soutient pleinement l’initiative Indias Lifestyle for the Environment (LiFE).

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Enfin, le G20 doit assumer sa responsabilité internationale et faire face aux conséquences désastreuses de l’invasion russe de l’Ukraine sur le secteur énergétique.

Q. Quels sont les domaines prioritaires dans les engagements de la France avec l’Inde, puisque l’énergie constitue un élément clé de la nouvelle feuille de route de 25 ans ?

R : En effet, la transition énergétique était un sujet de discussion important à Paris, et elle figure comme une priorité dans la feuille de route 2047 adoptée par le président Macron et le Premier ministre Modi. Notre coopération énergétique sert trois objectifs : atteindre les objectifs des Accords de Paris et atteindre la neutralité carbone dès que possible tout en répondant à la demande énergétique croissante entraînée par le développement rapide de l’Inde, et renforcer notre sécurité énergétique. Les énergies renouvelables solaire et éolienne mais aussi l’hydroélectricité sont au cœur de notre coopération bilatérale et nos deux pays considèrent l’énergie nucléaire comme une solution clé dans la lutte contre le changement climatique.

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Dans la poursuite de ces objectifs communs, notre coopération contribue directement au programme Indias Aatmanirbhar Bharat, que ce soit par des investissements français dans le secteur de l’énergie en Inde, des transferts de technologie ou des efforts pour renforcer l’indépendance énergétique. Comme l’a montré l’invasion russe de l’Ukraine, l’énergie est un enjeu crucial pour l’autonomie stratégique.

Q. Quels sont les plans pour renforcer la coopération dans les énergies renouvelables et aider les pays tiers avec des programmes d’énergie solaire ?

R : Le déploiement rapide et à grande échelle des énergies renouvelables en Inde et l’objectif ambitieux de l’Inde d’atteindre 500 GW de capacité installée de combustibles non fossiles d’ici 2030 sont vraiment impressionnants. La France et les entreprises françaises sont des partenaires indéfectibles de l’Inde pour répondre à cette ambition. Les entreprises françaises ont investi massivement dans les énergies propres en Inde ces dernières années aujourd’hui, on estime que 10% de toute la capacité solaire installée en Inde implique au moins une entreprise française !

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À l’avenir, nous unissons nos efforts sur l’hydrogène décarboné, un vecteur énergétique clé pour l’avenir. L’an dernier, nous avons adopté une feuille de route commune pour rapprocher nos acteurs de la réglementation, de la recherche et de l’industrie. Cette nouvelle coopération donne déjà des résultats. Le 14 juillet, nous avons annoncé un partenariat majeur entre Frances McPhy et Indias Larsen & Toubro pour fabriquer des électrolyseurs en Inde. Ensemble, nous pouvons être les leaders du marché émergent de l’hydrogène décarboné.

Enfin, nous pensons qu’ensemble, la France et l’Inde peuvent jouer un rôle moteur pour stimuler l’action internationale sur le climat. C’est pourquoi nous avons cofondé l’Alliance Solaire Internationale, qui est devenue une organisation internationale universelle avec 93 États membres. Nous soutenons pleinement son rôle de fournisseur de solutions pour débloquer l’énergie solaire dans les pays en développement, notamment à travers le programme de renforcement des capacités solaires STAR-C.

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J’ai hâte d’échanger des points de vue avec le ministre RK Singh sur la poursuite de cet ambitieux programme.

Q. Dans la coopération nucléaire civile, où en est le projet de centrale nucléaire de Jaitapur et la proposition de formation du personnel indien sur les projets de réacteurs EPR, et le projet de développement de réacteurs modulaires de petite et moyenne puissance ?

R : Les équipes françaises et indiennes travaillent ensemble de manière intensive pour traiter tous les aspects du projet de centrale nucléaire de Jaitapur, qui représente un pilier clé du partenariat stratégique indo-français. A Paris, le 14 juillet, nous nous sommes félicités de l’avancée récente des négociations techniques et commerciales. Ce projet bénéficiera du retour d’expérience d’autres projets EPR dans le monde, trois EPR sont déjà en exploitation à l’étranger et trois autres sont en construction, ainsi que du nouveau programme ambitieux de la France visant à construire jusqu’à 14 nouveaux EPR. De plus, grâce à l’implication de dizaines d’entreprises indiennes, Jaitapur comporterait une importante composante Make in India.

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En ce qui concerne la formation et le développement des compétences, nous avons déjà mis en place des sessions de formation conjointes ces dernières années, conformément à l’initiative Skill India. Désormais, dans le cadre du projet Jaitapur, notre proposition est d’étendre cette coopération et de former des ingénieurs et techniciens indiens sur la technologie EPR.

Un autre résultat clé de la visite du Premier ministre Modis a été la décision de lancer une coopération sur les réacteurs modulaires SMR et AMR qui sont des solutions innovantes, en plus des réacteurs plus grands et des énergies renouvelables. Notre objectif est de travailler en partenariat non seulement sur les technologies des réacteurs, mais aussi sur les applications potentielles (production d’électricité, production d’hydrogène, etc.), la certification, la formation et les partenariats industriels. Le SMR français (Nuward) est en phase de développement avancé, et diverses start-up françaises travaillent sur des réacteurs avancés, comme Naarea, basé sur des réacteurs à sels fondus, et Newcleo, basé sur des réacteurs rapides refroidis au sodium.

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Q. Comment l’Inde et la France peuvent-elles travailler ensemble sur la transition verte et son financement et à la COP28 ?

R : Comme nous le savons d’après le rapport du GIEC, le réchauffement climatique s’accélère. Les émissions mondiales sont revenues aux niveaux d’avant la pandémie. S’ils ne commencent pas à diminuer d’ici 2025, nous n’atteindrons pas l’objectif de 1,5 °C. La France a réduit ses émissions de 2,7 % en 2022 et nous sommes engagés dans le programme le plus ambitieux au monde pour réduire nos émissions grâce à une approche systémique. Cela nous amènera à réduire nos émissions de 55 % en 2030 au niveau de l’UE. Lors de la COP28, la communauté internationale procédera au premier bilan mondial des efforts climatiques et nous nous efforcerons de fixer les objectifs nécessaires pour les prochaines décennies, jusqu’à la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle. À cette fin, nous savons que le monde doit réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. La France soutiendra l’appel des pays vulnérables à la sortie des énergies fossiles lors de la COP28.

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La France est pleinement engagée à accompagner les pays en développement et émergents dans la réalisation d’une transition juste. La France contribue à hauteur de plus de 6 milliards par an à la finance climat et nous sommes le fer de lance des efforts pour construire un nouveau consensus Nord-Sud. C’était l’objet du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé par le président Macron en juin, en présence de plus de 40 chefs d’État et de gouvernement, et qui visait à permettre une percée financière pour qu’aucun pays n’ait à choisir entre réduire la pauvreté, lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’Inde sur ce sujet, et nous croyons que l’Inde a une capacité unique pour servir de pont sur cette question cruciale. L’agenda de Paris pour les peuples et la planète a été discuté lors de la visite du Premier ministre Modis à Paris, et notre objectif est qu’il contribue à obtenir des résultats significatifs lors du sommet indien du G20 en septembre et de la COP28 en novembre.

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