La France veut pouvoir bloquer les réseaux sociaux et accéder aux téléphones portables

Gonzalo Fuentes/Reuters
Des manifestations ont éclaté après que la police française a tué un jeune de 17 ans d’origine nord-africaine le 27 juin.

  • Des manifestations ont secoué la France pendant plus d’une semaine après que la police a tué un jeune de 17 ans d’origine nord-africaine.
  • Le président Macron a déclaré que son gouvernement avait besoin du pouvoir de bloquer les médias sociaux pour freiner les manifestations.
  • Les législateurs français envisagent également une nouvelle mesure de surveillance que les critiques qualifient d’autoritaire.

Peu de temps après l’annonce de la mort par la police française d’un jeune de 17 ans d’origine nord-africaine le 27 juin, des manifestations ont éclaté dans tout le pays. Ces manifestations ont parfois tourné à la violence. Les manifestants ont incendié des voitures et des bâtiments. La police a arrêté des milliers de personnes.

Au milieu de tout cela, les critiques disent que le gouvernement dirigé par le président français Emmanuel Macron a pris un virage autoritaire.

Premièrement, le 4 juillet, lors d’une réunion avec les maires, Macron a suggéré que le gouvernement avait besoin de l’autorité pour réglementer ou bloquer les plateformes de médias sociaux lors de grandes manifestations.

Un porte-parole du gouvernement a affirmé plus tard que Macron aurait pu vouloir simplement suggérer de bloquer certaines fonctions sur les plateformes de médias sociaux, telles que les cartes Snapchat, afin de limiter la capacité des manifestants à organiser des rassemblements, a rapporté le Washington Post.

Ensuite, les législateurs français ont autorisé le 5 juillet la police à surveiller les suspects en accédant au GPS, à l’appareil photo et au microphone de leur appareil avec l’autorisation d’un juge, a rapporté le journal national Le Monde. La mesure fait partie d’un projet de loi plus vaste sur la réforme judiciaire qui est actuellement en cours d’examen au Parlement français.

La mesure soulève « de sérieuses inquiétudes quant aux atteintes aux libertés fondamentales », ont déclaré des défenseurs du groupe de défense des droits numériques La Quadrature du Net, selon Le Monde.

Pendant ce temps, Eliska Pirkova, analyste politique senior chez Access Now, une organisation de défense des droits numériques, a qualifié la suggestion de bloquer les médias sociaux de « coup dur pour la démocratie », selon le Post.

Les législateurs de gauche et de droite, quant à eux, ont qualifié les commentaires sur le blocage des médias sociaux de Macron, considéré comme centriste, d’antidémocratiques. Même les membres du propre parti de Macron, le Parti de la Renaissance, qualifient la politique suggérée d’erreur, selon le Washington Post.

Aucun pays en Europe ne bloque complètement les médias sociaux, rapporte le Washington Post, mais des pays comme l’Espagne, la Biélorussie, la Turquie et l’Ukraine ont imposé des limites à leur utilisation.

Ailleurs dans le monde, la censure des médias sociaux a augmenté ces dernières années.

Dans un effort pour empêcher les gens de se rassembler pour protester contre les restrictions du COVID-19, le gouvernement chinois a censuré la discussion de certaines villes sur les réseaux sociaux, selon la BBC. Pendant ce temps, Human Rights Watch rapporte que la Russie a exercé une immense pression sur les sociétés de médias sociaux opérant dans le pays pour censurer les messages que les responsables gouvernementaux jugent « illégaux ». Ces messages incluent des appels à manifester, selon l’organisation de surveillance.

L’accès similaire de la police aux données de géolocalisation et aux caméras en direct est un problème permanent dans le domaine de la politique numérique américaine.

Alors qu’une affaire de la Cour suprême de 2018 a limité la capacité de la police à utiliser les données de localisation sans la surveillance d’un juge, le Wall Street Journal a rapporté que le gouvernement fédéral avait pu contourner cette décision en achetant les données des utilisateurs à des sociétés de marketing. Par exemple, en février 2020, le Département de la sécurité intérieure a extrait les données de localisation des applications de téléphonie mobile pour les utiliser dans l’immigration et l’application des frontières, selon le Journal.

La police américaine utilise également des caméras privées comme Amazon’s Ring pour la surveillance. Et en novembre 2022, la ville de San Francisco a promulgué une ordonnance autorisant la police à demander l’accès aux flux en direct des caméras de sécurité domestiques connectées à Internet, a rapporté le New York Times.

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