La France ouvre sa première gigafactory mais l’Europe peut-elle gagner la course aux batteries EV ?

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La France ouvre sa premiere gigafactory mais lEurope peut elle gagner

La toute première usine française de batteries pour véhicules électriques (VE) a ouvert ses portes mardi, un événement industriel majeur pour le pays, qui veut devenir un exportateur clé d’ici la fin de la décennie.

La soi-disant « gigafactory » de Mercedes-Benz et Automotive Cell Company (ACC), le dernier terme pour une usine de batteries à grande échelle près de la ville de Lens, est un symbole de l’une des principales politiques du président Emmanuel Macron : la réindustrialisation.

Le président Emmanuel Macron et le PDG de ProLogium, Vincent Yang, posent à Dunkerque, la ville choisie par ProLogium pour construire une gigantesque usine de batteries.  /Pascal Rossignol/Pool/Reuters

Le président Emmanuel Macron et le PDG de ProLogium, Vincent Yang, posent à Dunkerque, la ville choisie par ProLogium pour construire une gigantesque usine de batteries. /Pascal Rossignol/Pool/Reuters

Le président Emmanuel Macron et le PDG de ProLogium, Vincent Yang, posent à Dunkerque, la ville choisie par ProLogium pour construire une gigantesque usine de batteries. /Pascal Rossignol/Pool/Reuters

Mais cela fait également partie d’une poussée plus large en Europe pour stimuler la production de batteries EV à un moment où la Chine a pris une avance considérable dans le domaine. À l’heure actuelle, l’Europe ne compte qu’une poignée de giga-usines en activité, mais les investissements se multiplient, avec une cinquantaine de projets annoncés ces dernières années.

En fait, son marché des batteries devrait augmenter sa capacité de fabrication à 22 % d’ici 2027, contre environ le double de celle de 2021.

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Mais malgré les bonnes nouvelles, la concurrence croissante des États-Unis et la domination de la Chine dans l’industrie signifient que le rêve européen d’une production de batteries à grande échelle n’est pas sans défis.

L’avancée de la France

La France est l’un des pays à la tête des appels à l’industrialisation verte de l’UE. Dans l’extrême nord du pays, zone emblématique de la désindustrialisation européenne, quatre usines devraient être opérationnelles avant la fin de la décennie.

Les politiciens ont surnommé le corridor de la région des Hauts-de-France « Battery Valley » et la bande sera la clé de l’objectif de Paris d’être autosuffisante en production de batteries d’ici 2027. Premièrement, elle veut pouvoir approvisionner son industrie automobile, mais il cherche également des moyens de tirer profit d’un siècle où l’adaptation à l’urgence climatique est essentielle au développement de l’économie.

Ouvriers sur le chantier de la giga-usine ACC nouvellement construite près de Lens.  /François Lo Presti/AFP

Ouvriers sur le chantier de la giga-usine ACC nouvellement construite près de Lens. /François Lo Presti/AFP

Ouvriers sur le chantier de la giga-usine ACC nouvellement construite près de Lens. /François Lo Presti/AFP

Cet objectif a exigé une urgence supplémentaire depuis que l’UE a décidé d’interdire la vente de nouveaux véhicules à combustion à partir de 2035. Et alors que l’Europe dépend encore largement des batteries fabriquées en Chine pour ses voitures électriques, des dirigeants nationaux comme Macron promettent diverses incitations à se développer. l’industrie du continent.

Par exemple, le président français a récemment aidé à obtenir plus de 7 milliards de dollars de financement asiatique pour l’industrie des batteries de son pays, y compris une nouvelle usine à Dunkerque, après avoir proposé une foule d’édulcorants pour attirer les investissements étrangers.

« Nous avons construit une politique industrielle pour être compétitifs avec la Chine et les États-Unis. Les résultats que nous voyons à Dunkerque et dans toute la France ne sont pas le fruit du hasard », a récemment déclaré Macron aux journalistes depuis l’atelier d’une usine d’aluminium locale.

Mais même si la France est mieux lotie que certains de ses partenaires européens, elle reste à la traîne derrière la Chine et les États-Unis, qui ont fortement subventionné leurs industries de batteries.

C’est en partie parce que la sécurisation des fonds nécessaires à l’industrialisation verte de l’Europe a été entravée par les récents mouvements à Washington.

L’Europe à contre-pied

L’année dernière, les États-Unis ont adopté leur loi sur la réduction de l’inflation de 430 milliards de dollars, qui comprend d’importantes subventions fiscales pour réduire les émissions de carbone tout en stimulant la production et la fabrication nationales.

Et alors que près de 50 usines de batteries lithium-ion sont prévues pour l’Europe d’ici 2030, les subventions américaines constituent une nouvelle menace pour ces projets, avec de plus en plus d’investissements vers les États-Unis au lieu de l’UE.

Un rapport récent de la Fédération européenne des transports et de l’environnement a averti que près de 70 % de la capacité de production potentielle de batteries en Europe (1,2 TWh) risque d’être retardée, réduite ou non réalisée, car les investisseurs sont attirés par les incitations de Washington.

Près de 70 % de la capacité des cellules de batterie européennes est menacée, selon un rapport de la Fédération européenne des transports et de l'environnement de mars.  /T&E

Près de 70 % de la capacité des cellules de batterie européennes est menacée, selon un rapport de la Fédération européenne des transports et de l’environnement de mars. /T&E

Près de 70 % de la capacité des cellules de batterie européennes est menacée, selon un rapport de la Fédération européenne des transports et de l’environnement de mars. /T&E

Volkswagen, par exemple, devait annoncer l’emplacement d’une usine de batteries en Europe à la fin de l’année dernière, mais a déclaré en mars qu’il attendait plus de clarté de l’Europe sur les subventions avant de prendre une décision.

Plus tôt cette année, l’UE a présenté son «Cadre temporaire de crise et de transition» (TCTF), qui simplifie les conditions d’octroi d’aides aux projets verts par les pays, mais les critiques affirment que le processus d’extraction de fonds reste lent.

Les pays dont les projets de production de batteries sont les plus menacés en raison de l’investissement de Washington sont l’Allemagne, la Hongrie, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, indique le rapport. Il a souligné que l’Europe avait besoin d’une réponse forte qui comprenait des approbations plus rapides pour les fonds européens axés sur l’intensification de la production.

Mais l’industrie européenne des batteries est également confrontée à d’autres défis, l’un étant l’approvisionnement en métaux critiques. Les batteries lithium-ion sont très gourmandes en nickel, cobalt et manganèse, dont la chaîne de production, de l’extraction au raffinage, est aujourd’hui largement contrôlée par la Chine.

Il existe des manières de concevoir des batteries sans ces matériaux, par exemple les batteries à semi-conducteurs et les batteries au lithium-soufre, mais ces technologies ne sont encore qu’expérimentales.

Et alors qu’il est prévu que la première usine française fasse évoluer sa technologie des batteries lithium-ion vers les batteries à semi-conducteurs de nouvelle génération, la course est lancée pour développer un tout nouvel écosystème pour promouvoir l’industrie.

La réponse de la France

Les quatre giga-usines françaises devraient ouvrir la voie à un environnement attractif pour les fournisseurs de matériaux et composants de batteries, ainsi que les sites de recyclage. Le mois dernier, Macron a annoncé la création d’une usine de production de cathodes l’une des deux électrodes composant une batterie qui sera en partie financée par le chinois XTC.

Mais la France a un atout : son électricité zéro carbone à un prix compétitif, produite par l’un des plus grands parcs nucléaires au monde. Cela est stimulé par son utilisation croissante des parcs éoliens offshore et du solaire.

L'Allemagne, la Hongrie et l'Espagne ont les plus grandes capacités de cellules de batterie à risque, selon un rapport de Transport and Environment.  /T&E

L’Allemagne, la Hongrie et l’Espagne ont les plus grandes capacités de cellules de batterie à risque, selon un rapport de Transport and Environment. /T&E

L’Allemagne, la Hongrie et l’Espagne ont les plus grandes capacités de cellules de batterie à risque, selon un rapport de Transport and Environment. /T&E

Pourtant, Macron continue de souligner que l’UE doit se rallier à la façon de penser de Paris sur la nécessité d’une plus grande autonomie européenne, en particulier après que la pandémie de COVID-19 et le conflit en Ukraine ont révélé les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement.

« Sans compromettre notre ouverture, nous agissons pour protéger nos intérêts, notre indépendance… et pour affirmer notre modèle économique et social européen », a écrit Macron dans un communiqué. Financial Times éditorial.

Son gouvernement reste désireux d’utiliser le récent assouplissement des règles de l’UE en matière d’aides d’État pour offrir de nouveaux allégements fiscaux et d’autres subventions afin d’encourager les investissements dans les technologies vertes. Il a récemment annoncé que son gouvernement offrirait un nouveau crédit d’impôt pouvant atteindre 40 % de l’investissement en capital d’une entreprise dans des projets éoliens, solaires, de pompes à chaleur et de batteries.

En Allemagne, qui prévoit plus de quatre fois la capacité de production actuelle de cellules de batterie en France, le programme TCTF a aidé à raffermir les plans du développeur suédois de batteries Northvolt à construire dans le pays. C’est après des mois d’inquiétude qu’elle opterait pour un investissement en Amérique du Nord plutôt qu’en Europe.

Cependant, les plans n’iront de l’avant que tant que les subventions de l’UE seront approuvées, estimées par une source proche du dossier à environ 650 millions de dollars. Ils seraient les premiers fournis par l’Allemagne dans le cadre du programme TCTF.

Ils doivent encore obtenir l’approbation de la Commission européenne. Et avec près de 80 % de la production prévue de batteries du pays menacée, Berlin, l’UE et ses États membres devront agir rapidement si les gigafactories européennes veulent faire face à la concurrence extérieure.

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Source(s) : Reuter, AFP

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