Carte postale de France : le denim revient à Nîmes
Je monte un escalier dans une salle de sport désaffectée de la périphérie de Nîmes. Ce n’est pas l’endroit le plus évident à visiter dans cette ville du sud de la France. Nmes possède les plus beaux édifices romains intacts en dehors de l’Italie, y compris la Maison Carrée (un temple du 1er siècle après JC) et l’Arena, un amphithéâtre qui est une version parfaitement réduite du Colisée de Rome.
La ville médiévale fortifiée qui s’est développée autour du noyau romain est un paradis pour les boutiques et les restaurants indépendants. Il y a deux musées contemporains remarquables, l’un dédié à romanité et un autre, conçu par Norman Foster, à l’art contemporain.
Alors, pourquoi l’ancienne salle de sport ? Un lourd martèlement rythmique m’accueille en haut des escaliers. Guillaume Sagot, ancien marketeur digital de 37 ans et Nmois. Il est revenu dans sa ville natale de Paris et a décidé de créer une entreprise de fabrication de jeans. D’où le martèlement rythmique : dans l’espace ouvert en dessous de nous, deux métiers à tisser claquent la chaîne et la trame du tissu denim.
L’aventure de Guillaume dans la fabrication de vêtements est à petite échelle, un projet de niche, mais, pour lui et la ville, c’est aussi un geste résolument romantique. Le denim a d’abord été fabriqué à Nmes, l’indice est dans le nom, mais il a été fabriqué pour la dernière fois ici pendant la première guerre mondiale. À ce stade, la fabrication de ce qui allait devenir sans doute le vêtement de base le plus populaire au monde avait décampé aux États-Unis, lancé par un propriétaire de magasin de produits secs de San Francisco appelé Levi Strauss.

Norman Fosters Carr d’Art vu d’un temple romain Getty Images

La Maison Carrée, un temple du 1er siècle de notre ère, à Nmes Alamy
Après avoir fabriqué des jeans à partir de denim d’Italie et d’une usine à Marseille, Guillaume a décidé de ramener la production de denim chez lui, en ouvrant cet atelier de Nmes au milieu de la pandémie en 2020. Cette année, il a commencé à organiser des visites pour que les visiteurs voient son travail et apprennent le histoire de jean.
Et, comme toute histoire à Nmes, elle commence avec les Romains, plus précisément avec le Pont du Gard à trois niveaux, construit au milieu du Ier siècle pour enjamber le Gardon, à 18 km au nord-est de la ville. Il faisait partie d’un aqueduc qui apportait de l’eau à environ 50 km des sources de la Fontaine d’Eure près d’Uzs à la colonie romaine à la mode de Nemausus (Nmes). La région avait été colonisée par des vétérans des campagnes de Jules César en Gaule. (Ainsi commença une tradition : la campagne gardoise est encore peuplée de riches retraités, cette fois issus des champs de bataille des entreprises).
Quelque 1 500 ans plus tard, cet approvisionnement en eau a rendu possible la production de textile en un processus notoirement assoiffé et l’industrie a prospéré et innové dans la ville. À la fin du XVIIe siècle, les producteurs de Nîmes ont commencé à utiliser un modèle de tissage qui utilisait un fil de chaîne teint et une trame laissée en blanc, ce qui a créé un tissu résistant parfaitement adapté aux travaux difficiles dans les terres rocheuses du sud-ouest. Les villes textiles britanniques en plein essor de Manchester et de Leicester étaient des clientes avides de ce nouveau matériau, bien que le sens commercial de ces propriétaires d’usines n’ait pas été égalé par leur expertise linguistique : ils ont commencé à appeler leurs produits importés. Serge de Nîmes jean.
Un port ligure a également joué un rôle important dans ces chaînes d’approvisionnement du XVIIIe siècle. Les vêtements en denim qui sont arrivés aux États-Unis via Gênes sont devenus connus sous le nom de jeans.

Boutique Atelier de Nmes…

… fait des jeans
Les premiers échantillons de denim sont désormais exposés au musée de la ville de Nmes. Vous voyez à quel point cet humble sergé de coton est tissé dans le tissu de notre histoire sociale et politique moderne. Il y a une fin du 18ème siècle Carmagnole veste du genre préféré par les révolutionnaires de 1789. À côté se trouve une veste en jean du XXe siècle popularisée par des révolutionnaires très différents, comme James Dean.
Autour d’un café place du March, j’essaie de compter combien de Nîmois d’aujourd’hui portent des jeans. Sept ou huit sur 10, je pense, avec des pantalons probablement fabriqués en Chine, au Bangladesh, en Turquie ou au Pakistan. Si seulement Nmes avait un équivalent vestimentaire de l’AOP, ou appellation d’origine protégée.
Mais à deux minutes à pied de la place, ils peuvent faire ce qu’ils n’ont pas pu faire depuis des générations : s’acheter un jean made in Nîmes. Guillaume a ouvert sa boutique Atelier de Nmes juste avant que le Covid ne frappe. À 180 la pop, ils ne sont pas trop chers une fois que vous avez découvert (comme moi) les fils souples, non collés, à un brin qu’il utilise au mépris des techniques de production de masse. Il y a aussi un fil de fierté nationale tissé.
Détails
Pour plus de détails sur la société Guillaume Sagots, voir ateliersdenimes.com; les visites d’ateliers pour les groupes coûtent à partir de 50. Mark Jones était un invité de l’hôtel Imperator (maison-albar-hotels-l-imperator.com; double de 293)
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