L’interdiction des vols court-courriers en France va tuer des gens

Trop de politiciens sont des comédiens. Lorsqu’il y a un conflit, comme c’est souvent le cas entre l’apparence de résoudre les problèmes et l’aide réelle à les résoudre, on peut presque toujours compter sur les politiciens pour faire passer l’apparence avant le fond. Malheureusement, les politiciens succombent à ce parti pris même lorsque leurs artifices aggravent les vrais problèmes.

Considérez la vantardise du président français Emmanuel Macron la semaine dernière selon laquelle son gouvernement a interdit de nombreux vols entre les villes à moins de 2,5 heures les unes des autres par chemin de fer. Rien aujourd’hui n’est plus en vogue que la théâtralité climatique, parfois au détriment de politiques réalistes et utiles. Macron savoure évidemment l’opportunité de se poser en héros courageux à califourchon sur un cheval blanc aidant à sauver l’humanité de sa dépendance autodestructrice aux combustibles fossiles.

Comme l’ont souligné de nombreux observateurs, l’interdiction des vols court-courriers par la France est truffée d’exceptions si nombreuses que la réduction des émissions de carbone qui en résultera sera bien en deçà de ce que Macron veut faire croire au monde. Néanmoins, peut-être que certains vols seront interdits et que moins de carburant d’aviation sera brûlé.

Hourra ! Au moins c’est quelque chose !

Mais avant que vous ne vous emballiez trop, permettez-moi de vous parler d’une autre personnalité française : Frédéric Bastiat, économiste et homme d’État actif au milieu du XIXe siècle. L’écriture la plus célèbre de Bastiat est un merveilleux essai intitulé « Ce qui se voit et ce qui ne se voit pas ». Dans ce document, il a exhorté les gens à regarder au-delà des effets immédiats de l’intervention gouvernementale. Lorsque vous le faites, et lorsque vous pensez à plus que ce que les représentants du gouvernement claironnent triomphalement, vous découvrirez souvent des conséquences supplémentaires dont personne ne souhaite s’attribuer le mérite.

Dans le cas de l’interdiction des vols court-courriers, il est facile de voir ce que Macron voit et veut : plus de personnes voyageant en train. Admettons que cet effet soit bon et regardons ensuite au-delà des affirmations initiales sur l’économie de carburant d’aviation.

Qu’en est-il de plus de personnes voyageant en automobile? Après tout, le train n’est pas la seule alternative à l’avion, surtout en France où les grèves des trains sont fréquentes. Privés de la vitesse beaucoup plus grande des voyages en avion, de nombreuses personnes choisiront d’éviter complètement l’inconvénient d’acheter un billet et de voyager en voiture.

Un effet indésirable est un temps de déplacement plus long. Parce que le temps des gens est précieux et qu’il pourrait autrement être consacré à travailler, étudier ou avec la famille et les amis, le coût des déplacements que le gouvernement français considère comme de courtes distances augmentera. Monsieur Macron a-t-il bien pesé ce coût par rapport aux avantages de l’interdiction ? Je suis sûr qu’il ne l’a pas fait. Il a juste supposé que le temps des gens est d’une valeur suffisamment faible pour justifier l’interdiction de vol. Très arrogant !

En regardant encore plus loin « ce qui se voit », vous comprendrez pourquoi toute réduction de la consommation de combustibles fossiles sera presque certainement inférieure à ce que le gouvernement français espère. Non seulement les automobiles, comme les avions, brûlent des combustibles fossiles, mais la quantité brûlée par les automobiles peut être plus importante par passager-mille.

En moyenne aujourd’hui pour les avions commerciaux, un gallon de carburant transporte chaque passager sur environ 67,1 milles. L’automobile française typique vendue en 2019 consomme environ 42,8 miles par gallon. Ces faits signifient que si quelqu’un en France choisit de conduire seul dans l’une de ces voitures, par exemple de Paris à Nantes, plutôt que de voyager en train, il consommera 57 % de carburant en plus qu’il n’en aurait consommé en avion. Et même s’il y a deux personnes lors de ce voyage en voiture, la quantité de carburant fossile brûlée par personne ne sera que d’environ 22 % inférieure à celle si ces deux voyageurs avaient plutôt pris l’avion.

Ce calcul peut encore amener de nombreux lecteurs à conclure qu’il serait souhaitable, à tout le moins, d’entasser trois personnes ou plus dans une voiture pour le même voyage. Mais regarder un pas de plus au-delà de ce qui est vu déconseille cela. Ici, nous voyons enfin la conséquence « invisible » la plus effrayante de l’interdiction des vols court-courriers : la probabilité d’un plus grand nombre de décès sur les routes.

Une étude récente de l’Université de Harvard a révélé que, pour les personnes voyageant aux États-Unis, en Europe et en Australie, les chances d’être tuées en avion sont de 1 sur 11 millions, tandis que les chances d’être tuées en conduisant sont de 1 sur 5 000. Autrement dit, vous êtes 2 200 fois plus susceptible d’être tué lorsque vous voyagez en voiture plutôt qu’en avion. En détournant certains voyageurs des airs vers les routes, le gouvernement français fera presque certainement mourir davantage de voyageurs.

Il s’avère que le théâtre politique peut être mortel.

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