L’absence de toute solution politique exacerbe les souffrances des Syriens
Je tiens à remercier Geir Pedersen, Mme Mudawi et Mme Aveline pour leurs exposés.
Je voudrais souligner deux messages.
Réhabiliter Bachar Al-Assad sans condition n’apportera pas la paix durable à laquelle aspirent les Syriens.
Le régime de Bachar Al-Assad et ses alliés sont responsables d’une guerre aux conséquences sans précédent : plus de 500 000 morts ; plus de 130 000 personnes portées disparues ; le déplacement de 12 millions de Syriens ; l’utilisation d’armes chimiques par le régime contre la population.
Outre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés en Syrie, les Nations Unies ont documenté le recours systématique à la torture et à la violence sexuelle dans les centres de détention du régime. En plus d’être à la tête d’un système de corruption généralisée, le régime et les milices iraniennes sont désormais les premiers producteurs et exportateurs mondiaux de captagon, faisant de la Syrie le cœur d’un commerce mondial de la drogue de plusieurs milliards de dollars qui est une source de instabilité pour toute la région.
Dans ce contexte, comme nous l’a rappelé le 23 mai notre ministre des Affaires étrangères, la lutte contre l’impunité reste une priorité pour la France. Les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité doivent répondre de leurs actes. Les sanctions européennes visent précisément à restreindre la marge de manœuvre des auteurs de ces crimes, ainsi que les sources de financement de l’appareil répressif syrien.
Pour la France, il ne peut y avoir de retour durable à la stabilité en Syrie et dans la région sans une solution politique qui réponde aux aspirations légitimes de tous les Syriens et leur permette de vivre en paix dans leur pays. Les paramètres du processus politique sont connus. Ce Conseil a adopté à l’unanimité la résolution 2254 qui pose les bases d’une paix durable à laquelle aspirent les Syriens. Cette feuille de route est ignorée par le régime qui refuse de s’engager sur la voie politique. Dans ce contexte d’obstruction délibérée, nous réitérons notre plein soutien à la médiation menée par Geir Pedersen, et nous continuerons d’être exigeants à l’égard du processus politique : le régime doit agir concrètement pour qu’un véritable processus politique s’enclenche .
L’absence de toute solution politique exacerbe les souffrances des Syriens.
La situation humanitaire en Syrie est catastrophique avant tout parce que le régime a commis des crimes massifs contre la population civile depuis plus de douze ans. Le régime a profité du tremblement de terre pour détourner l’attention internationale de ses abus.
Les tremblements de terre du 6 février ont ajouté des difficultés supplémentaires à une situation déjà dégradée. Il est essentiel de garantir l’acheminement de l’aide par tous les moyens disponibles. Nous demandons que la traversée de Bab el Hawa soit renouvelée en juillet pour une nouvelle période de douze mois. Le tremblement de terre a également montré qu’il est essentiel de disposer de plusieurs points d’accès transfrontaliers, afin d’acheminer l’aide le plus efficacement possible. Les opérations humanitaires en Syrie restent complexes en raison de la fragmentation du pays et de la nature du régime.
Les besoins humanitaires restent immenses. Depuis le début du conflit, l’UE et ses États membres ont été les principaux donateurs d’aide internationale aux personnes touchées par le conflit en Syrie. Une septième conférence de Bruxelles sur « L’aide pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région » se tiendra le 21 juin, pour mobiliser à nouveau la communauté internationale et poursuivre notre engagement, notamment en ce qui concerne l’accueil des réfugiés. Leur avenir est en Syrie. Malheureusement, la politique active d’ingénierie démographique du régime et les nombreux obstacles politiques, économiques et sécuritaires qui continuent de s’y opposer rendent impossible à l’heure actuelle un retour digne, sûr et volontaire en Syrie.
Merci.