Le « Dior soviétique » Slava Zaitsev est mort à 85 ans

Confirmant les informations des médias russes, une porte-parole a ajouté que lorsque Zaitsev avait fêté son anniversaire en mars avec des amis, « on pouvait déjà voir qu’il était très, très, faible ».

« Le couturier Viacheslav Zaitsev est décédé », a rapporté la chaîne d’Etat russe Perviy Kanal, rendant hommage à un homme qui « a dicté la mode soviétique et russe pendant des décennies, un innovateur qui n’avait pas peur des expériences audacieuses ».

« C’est une grande perte pour le monde de la mode internationale », a déclaré l’agence de presse Ria Novosti citant le styliste russe Sergei Zverev.

Le créateur de mode le plus célèbre de Russie, Zaitsev a connu un succès mondial avec des robes lumineuses ornées des motifs floraux que l’on retrouve sur les châles russes traditionnels.

D’une enfance modeste à Ivanovo, une ville de 400 000 habitants au nord-est de la capitale, sa carrière l’a mené sur les podiums de Paris, New York et Tokyo.

La presse française des années 1960 le surnomme le « Christian Dior soviétique ».

Surveillé de près par le KGB en raison de ses contacts avec les créateurs occidentaux et de son caractère flamboyant, Zaitsev se voit d’abord refuser l’autorisation de quitter l’Union soviétique et ses premières collections sont exposées à l’étranger sans lui.

En 1962, la première collection de vêtements de Zaitsev – un uniforme pour ouvrières qui comportait des jupes avec les motifs floraux des châles russes traditionnels et des bottes multicolores – a été rejetée par les autorités soviétiques.

« Les couleurs étaient trop vives et contrastaient avec la grisaille de la vie quotidienne soviétique, où un individu ne devrait pas différer du reste de la société », a déclaré Zaitsev dans une interview à l’AFP en 2018.

Mais la collection a néanmoins attiré l’attention internationale. En 1963, le magazine français Paris Match est devenu le premier média occidental à décrire Zaitsev comme un pionnier de la mode soviétique.

Clients célèbres

Né dans une famille pauvre avec une mère qui travaillait comme femme de ménage, il s’est d’abord vu interdire de fréquenter une université de haut niveau parce que son père, fait prisonnier par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, avait, comme d’autres anciens prisonniers de guerre, a été qualifié d’« ennemi du peuple » et condamné à 10 ans de camp de travail.

« Quand j’étais enfant, ma mère m’a appris la broderie pour que je ne traîne pas dans les rues sans but », raconte-t-il à l’AFP.

« Le soir, je cueillais des fleurs avec des filles sur l’avenue Lénine pour les dessiner et les recréer en broderie. C’est ainsi que j’ai commencé mon aventure dans l’art. »

Il a étudié dans un collège professionnel jusqu’à l’âge de 18 ans, puis est allé à l’Institut textile peu glamour de Moscou.

« Pendant mes études, je vivais dans une famille dont je m’occupais des enfants. L’appartement était minuscule et je dormais par terre sous la table », se souvient-il.

Plus tard dans la vie, entre 2007 et 2009, il a présenté une émission télévisée populaire intitulée « Le verdict de la mode », dans laquelle des stylistes habillaient les participants avec les derniers looks de rue.

Il comptait plusieurs stars de cinéma russes, des chanteurs et l’ex-femme du président Vladimir Poutine, Lyudmila, parmi ses clients.

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