Le récent essai de missile de France nous rappelle que c’est une force nucléaire avec laquelle il faut compter
- La semaine dernière, la France a effectué un test de son missile balistique lancé par sous-marin M51.
- La France possède près de 300 armes nucléaires, que les avions et les sous-marins sont capables de transporter.
- La doctrine nucléaire de la France est strictement défensive, mais permet également des frappes nucléaires de semonce.
Le 19 avril, l’US Air Force a effectué un test d’un missile balistique intercontinental Minuteman III (ICBM). Ce test, bien que remarquable, a eu lieu le même jour qu’un autre lancement : celui d’un missile balistique lancé par sous-marin français M51 (SLBM).
Cela nous rappelle que la France est l’une des trois puissances nucléaires d’Europe, dotée de centaines d’armes thermonucléaires, chacune bien plus puissante que les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki.
Une coïncidence d’essai nucléaire
Situé au large de la Bretagne, le sous-marin français Le Terrible a envoyé un seul missile balistique lancé par un sous-marin M51 sur une trajectoire sud-ouest, avec le site d’impact dans la mer des Sargasses. Dix jours avant le test du missile, le 9 avril, Marco Langbroek de l’Université technique de Delft aux Pays-Bas a découvert l’avis aux aviateurs (NOTAM), avertissement les pilotes et les compagnies aériennes à éviter la trajectoire de vol des missiles et la zone d’atterrissage des ogives.
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Le test a eu lieu lors de l’invasion en cours de l’Ukraine par la Russie, à laquelle la France s’oppose. Cependant, il est peu probable que ces deux événements soient liés : toutes les puissances nucléaires testent occasionnellement leurs missiles (dans ce cas, le M51) pour s’assurer qu’ils fonctionnent toujours correctement et pour découvrir tout problème précédemment caché. Le test du missile US Air Forces Minuteman-III était également probablement une coïncidence; La France maintient une politique militaire et étrangère fortement indépendante. Les puissances nucléaires organisent rarement, voire jamais, un entraînement nucléaire conjoint, à la fois pour des raisons de secret opérationnel et parce que toute utilisation d’armes nucléaires serait probablement unilatérale.
La France est devenue la quatrième puissance nucléaire mondiale en 1960, juste après le Royaume-Uni, après avoir testé un engin nucléaire à Reggane, dans le sud de l’Algérie. Le analyse extérieure la plus récente de l’arsenal nucléaire français remonte à 2019. La France aurait eu environ 290 armes nucléaires à peu près comme la Chine jusqu’à ce que Pékin se lance dans son accumulation nucléaire en cours. Les forces nucléaires françaises, connues sous le nom de force de dissuasion, sont conçues pour dissuader les adversaires de lancer des frappes nucléaires sur le territoire français.
Nucléaires livrés par voie aérienne et maritime
Pour dissuader les attaques, la France s’appuie sur une dyade de forces nucléaires aériennes et navales. La composante aérienne est constituée de 50 avions de combat multirôle Rafale avec des pilotes entraînés au lancement du Air-Sol Moyenne Porte (ASMP-A) missile de croisière à tête nucléaire et propulsé par un statoréacteur. L’ASMP-A a une portée de 310 milles et transporte une ogive thermonucléaire de 300 kilotonnes. Le rendement de l’ogive équivaut à 300 000 tonnes de TNT ; en revanche, la bombe atomique larguée sur Hiroshima en 1945 équivalait à 16 000 tonnes de TNT. Dix des Rafale sont formés pour opérer depuis le seul porte-avions français, Charles de Gaulleet bien que le navire ne transporte généralement pas les missiles nucléaires, ils pourraient être embarqués en cas de crise.
Cependant, les armes nucléaires les plus puissantes et les plus résistantes de la France sont en mer sur les quatre Triomphantsous-marins lance-missiles balistiques de classe Marine Nationale (Marine française). Les sous-marins lance-missiles français sont en patrouille continue depuis 50 ans, avec au moins un sous-marin en mer à tout moment. Chaque sous-marin est équipé de 16 tubes de missiles, chacun contenant un missile M51. ArianeGroup, une société française d’ingénierie aérospatiale, a développé le M51, qui est un missile à combustible solide à longue portée d’une portée de 4 970 milles ; la société développe également des fusées spatiales pour l’Agence spatiale européenne.
Le missile testé la semaine dernière était la dernière version opérationnelle, le M51.2. La flotte sous-marine utilise un mélange d’anciens missiles M51.1 et M51.2, et les deux missiles transportent généralement entre 46 ogives de 100 kilotonnes chacune. Alors que la puissance explosive de chaque ogive ne représente qu’un tiers de celle de l’ASMP-A, le M51 peut larguer jusqu’à six ogives au-dessus d’une zone cible, libérant deux fois la puissance de feu effective et dévastant jusqu’à six cibles au lieu d’une seule. Le Bulletin of the Atomic Scientists, une organisation à but non lucratif basée à Chicago, dans l’Illinois, qui s’est concentré sur les avancées technologiques susceptibles de nuire à l’humanité, pense que certains missiles peuvent avoir moins d’ogives afin d’augmenter la flexibilité de ciblage dans des scénarios limités.
Grève d’avertissement
La doctrine nucléaire française, comme toutes les puissances nucléaires autoproclamées, est strictement défensive pour dissuader les attaques nucléaires contre la France et les forces françaises. Cela dit, comme de nombreux pays, la France est volontairement ambigüe sur comment et pourquoi elle utiliserait de telles armes. Contrairement à la plupart des puissances nucléaires, la France se réserve le droit de mener une frappe nucléaire de semonce pour signaler à un adversaire qu’elle a franchi une ligne et qu’elle utilisera plus armes nucléaires si nécessaire. Cela peut être lié au fait que le M51 transporte moins d’ogives, permettant à la France de ne délivrer qu’un ou deux coups de semonce thermonucléaires au lieu de quatre à six.
La politique de la France en matière d’armes nucléaires vise deux choses : une dissuasion nucléaire continue capable de représailles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et la capacité de causer juste assez de douleur pour dissuader un adversaire. La France ne possède que 290 armes nucléaires par rapport à la Russie 1 588 armes déployéesmais un seul ASMP-A, lancé contre la Place Rouge à Moscou, tuerait environ 556 000 et blessé 2,1 millions; une frappe nucléaire de représailles française contre la Russie pourrait dévaster jusqu’à 16 villes. Alors que la Russie pourrait couvrir la France de bombes nucléaires et anéantir efficacement tout le pays, la perte de 16 villes russes en retour serait inacceptable.
Les plats à emporter
La France ne possède pas le plus grand arsenal nucléaire au monde, mais elle possède suffisamment d’armes nucléaires pour dissuader tout ennemi de lancer une attaque surprise.
La grande question est la suivante : si les forces aériennes, terrestres et maritimes françaises étaient dépassées en armes et sur le point de se rendre, la France appuierait-elle sur le bouton nucléaire pour empêcher leur destruction ? Seul Paris le sait avec certitude, et laisser l’ennemi deviner fait partie du plan.

Kyle Mizokami est un écrivain sur les questions de défense et de sécurité et a été à Mécaniques populaires depuis 2015. S’il s’agit d’explosions ou de projectiles, il y est généralement favorable. Les articles de Kyles sont parus sur The Daily Beast, US Naval Institute News, The Diplomat, Foreign Policy, Combat Aircraft Monthly, VICE News, et d’autres. Il vit à San Fransisco.