Les pressions des Macron pour obtenir l’aide de la Chine sur l’Ukraine s’effondrent rapidement
Les efforts diplomatiques du président français Emmanuel Macron pour obtenir l’aide de la Chine pour intervenir dans la guerre de la Russie en Ukraine ont subi un autre coup dur.
L’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a déclaré au réseau français LCI que les États ex-soviétiques n’ont pas de statut souverain en tant que nations indépendantes, une déclaration qui ignore les frontières internationalement reconnues en Europe orientale et centrale.
Les commentaires de Lus ont déclenché des réactions furieuses, notamment dans les pays de l’ancien bloc soviétique, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, qui ont annoncé leur intention de convoquer des diplomates chinois dans leurs capitales. L’administration du président américain Joe Biden avait déjà exprimé son irritation envers Macron à propos de ses contacts avec la Chine, selon des personnes proches du dossier.
Les remarques de Lus Friday sapent la pression de Macron pour utiliser les pourparlers entre son conseiller en politique étrangère Emmanuel Bonne et le haut diplomate chinois, Wang Yi, pour établir un cadre qui pourrait servir de base à de futures négociations entre l’Ukraine et la Russie.
La guerre de la Russie en Ukraine est à un point crucial, le président ukrainien Volodymyr Zelensky luttant pour maintenir la confiance de ses alliés alors qu’il se prépare à une contre-offensive attendue au printemps pour tenter de regagner le territoire occupé par les forces russes. Les doutes quant à la capacité de Kiev à reprendre des terres ont été alimentés par les pressions de Macron pour les négociations, mettant en danger le front uni allié.
La tentative de Macron de s’engager dans un effort diplomatique aussi sensible sans consulter au préalable tous les membres de l’Union européenne a été critiquée par les alliés comme prématurée et comme susceptible de compromettre l’unité des blocs. L’approche des dirigeants français vis-à-vis de l’Ukraine n’a pas non plus été bien accueillie à Washington, selon des personnes proches du dossier.
Lu, lorsqu’on lui a demandé vendredi s’il considérait la Crimée comme une péninsule annexée par la Russie en 2014 faisant partie de l’Ukraine, a déclaré que « les pays de l’ex-Union soviétique n’ont pas de statut effectif en vertu du droit international. La déclaration semble être en conflit avec la propre reconnaissance par la Chine de l’indépendance des États baltes en 1991.
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré avoir pris note des commentaires des ambassadeurs avec « consternation et a exhorté la Chine à clarifier si ces commentaires reflètent sa position officielle ». Le diplomate en chef de l’UE, Josep Borrell, a déclaré que ces remarques étaient « inacceptables ».


Les commentaires de Lu, qui est connu pour avoir fait des déclarations intransigeantes répétées à la télévision, ressemblaient à une nouvelle douche froide sur les espoirs de Macron d’amener Pékin à s’engager avec l’Ukraine. Alors que la Chine se présente comme neutre, sa position a stimulé la guerre du président russe Vladimir Poutine contre l’Ukraine.
Certains membres orientaux de l’UE se sont hérissés des visions de Macron pour le bloc, en particulier lorsqu’il parle d’autonomie stratégique européenne et de moins compter sur les États-Unis. Il a suscité des critiques particulières à la suite d’une visite d’État en Chine au début du mois lorsqu’il a appelé l’Europe à éviter d’être entraîné dans un conflit entre Pékin et Washington à propos de Taïwan.
Réaction américaine
Il y a eu un appel la semaine dernière entre Macron et Biden et d’après les lectures, le ton était glacial, avec beaucoup à lire entre les lignes. Le bureau de Macron a publié jeudi une déclaration pour désamorcer l’idée que le président français est en désaccord avec les États-Unis sur la Chine et Taïwan, selon un responsable français s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Plus tôt, le bureau de Bidens a publié une déclaration plus courte disant que les deux « avaient réaffirmé l’importance de maintenir la paix et la stabilité à travers le détroit de Taiwan. En revanche, la déclaration française ne fait aucune mention directe de Taïwan.
En ce qui concerne la guerre en Ukraine, des personnes familières avec la pensée des administrations Biden ont déclaré que la Maison Blanche était agacée par ce qu’ils considéraient comme Macron travaillant à la pige sur une question diplomatique délicate sans consulter ses alliés.
Ces personnes, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat parce que les conversations étaient privées, ont également souligné que ce n’était pas la première fois que Macron suggérait un projet de paix et devait ensuite battre en retraite. Leur point de vue est qu’il est clair que les Chinois ne sont pas disposés à user de leur influence auprès de Poutine, il est donc peu probable que Macron puisse faire mieux cette fois.
Diplomatie solitaire
Macron a montré sa volonté de mener des efforts diplomatiques en solitaire, dont beaucoup ont échoué. Lors de son récent voyage en Chine, le président français n’a pas atteint son objectif de convaincre le dirigeant chinois Xi Jinping de parler à Zelenskyy, les deux n’ayant toujours pas parlé depuis que la guerre a éclaté il y a plus d’un an.
Macron s’est rendu à Moscou en février 2022 pour tenter d’obtenir de Moscou l’assurance que l’Ukraine ne serait pas attaquée. Les responsables français ont alors déclaré avoir reçu l’engagement de Poutine de ne pas aggraver la situation, ce que le Kremlin a ensuite démenti. Deux semaines plus tard, la Russie envahit l’Ukraine.
Macron a précédemment déclaré qu’il voyait un rôle majeur pour la Chine et que grâce à ses relations avec la Russie, elle pourrait « ramener Moscou à la raison ». Jusqu’à présent, Pékin n’a montré aucun signe indiquant qu’il était disposé à faire pression sur Moscou pour qu’il retire ses troupes.
De nombreux pays ont exprimé leur scepticisme quant à la capacité de la Chine à servir d’intermédiaire neutre compte tenu de son « amitié sans limites avec la Russie. Xi et Poutine se sont engagés à plusieurs reprises à renforcer les liens, y compris entre leurs armées.


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