Mali : la MINUSMA doit pouvoir remplir sa mission
Monsieur le Président,
Je remercie le Représentant spécial de son exposé et je me concentrerai sur trois points.
Le premier est l’accord pour la paix et la réconciliation. Ce Conseil a toujours été unanime pour souligner l’importance majeure de cet accord et demander sa pleine mise en œuvre. Cependant, nous constatons qu’il est plus à risque que jamais. La tentation de l’escalade est réelle. Une reprise des hostilités serait désastreuse pour le peuple malien, comme pour ceux de toute la région, et ne profiterait qu’aux terroristes. Le Conseil doit donc rappeler à toutes les parties leur responsabilité et soutenir les efforts de médiation de l’Algérie et de la MINUSMA.
Deuxièmement, je voudrais mentionner la transition politique. Elle doit se poursuivre dans les délais. Le Conseil de sécurité doit être attentif au bilan de l’Union africaine et de la CEDEAO qui ont pris des décisions très claires et suivent ce processus, notamment suite au report du référendum constitutionnel initialement prévu le 19 mars. Il est crucial que tous les acteurs politiques et de la société civile puissent s’exprimer librement et participer à la campagne électorale.
Troisièmement et enfin, je tiens à souligner le rôle de la MINUSMA. Depuis près de dix ans, elle représente un effort considérable de la communauté internationale, avec le concours de nombreux pays contributeurs de troupes, qui paient un lourd tribut et que je voudrais ici saluer. Il représente également un budget annuel de plus d’un virgule deux milliards de dollars.
Bien sûr, cet outil n’est pas parfait. Nous devons demander plus à la MINUSMA. Le mandat est solide et doit être mis en œuvre : protéger les civils, soutenir l’accord de paix, garantir l’accès humanitaire aux milliers de personnes déplacées. Comme toutes les opérations de maintien de la paix, la MINUSMA a un mandat en matière de droits de l’homme et doit pouvoir mener à bien ses tâches sans entrave. A cet égard, il n’est pas normal que nous ne soyons toujours pas informés du massacre de Moura, commis il y a plus d’un an avec, on le sait, l’implication du groupe Wagner. Les responsables doivent être poursuivis.
Nous devons également reconnaître que la MINUSMA fait ce qu’elle peut dans un environnement difficile. Nous sommes extrêmement préoccupés par les restrictions imposées à ses activités. C’est inacceptable. Je vous rappelle que sans drones, la mission ne peut pas mener d’opérations. Les annonces de retrait de nombreux contingents, qui représentent 20% de la Force, doivent nous alerter sur la gravité de la situation.
Monsieur le Président,
La France invite le Mali et l’ensemble des membres du Conseil de sécurité à considérer avec la plus grande attention la revue stratégique présentée en janvier par le Secrétaire général. Ce document soulève des questions importantes auxquelles nous devons répondre ensemble, avant le renouvellement du mandat.
Notre priorité, pour nous tous, devrait être de prendre les décisions nécessaires pour que la MINUSMA puisse remplir sa mission. À cet égard, je vous rappelle que le Secrétaire général a fixé quatre paramètres essentiels : la poursuite de la transition politique, la mise en œuvre de l’Accord de paix, la liberté de mouvement de la MINUSMA et le respect de l’ensemble de son mandat, y compris les droits de l’homme. . La France est prête à travailler de manière constructive au succès de la MINUSMA, avec tous les membres de ce Conseil, avec les pays contributeurs de troupes, et bien sûr avec le Mali.
Je te remercie./.