Les députés français débattent d’un projet de loi sur le bien-vieillir alors que de plus en plus de personnes vivent après 85 ans
La France compte environ 2 millions de personnes âgées de plus de 85 ans. D’ici 2030, elles seront 4,8 millions plus nombreuses que les moins de 15 ans.
En prévision d’une telle évolution démographique, Macron a promis une loi sur le grand âge au début de son premier mandat. Mais il a été abandonné en 2021.
À la suite de cas d’abus dans les maisons de retraite privées et d’une crise de recrutement dans les soins aux personnes âgées, les députés du groupe Macrons Renaissance, ainsi que les mouvements centriste Modem et conservateur Horizons, ont rédigé un projet de loi pour résoudre certains des problèmes.
Le projet de loi dit bien vieillissant, présenté mardi aux députés, vise à faciliter le repérage et la prise en charge des personnes âgées isolées, à mieux signaler les cas de maltraitance et à proposer davantage d’aide aux aides à domicile.
Les mesures concrètes comprennent la création d’uncarte professionnelle pour les aides à domicile pour leur faciliter l’accès au parking et réduire les files d’attente lors des courses.
Des cellules dédiées seraient également mises en place dans chaque département français où les cas de maltraitance des personnes âgées pourraient être signalés et centralisés.
Et un « guichet unique » serait mis en place pour faciliter l’aide aux familles prenant en charge des proches âgés dépendants.
Opposition
Les partis d’opposition ont déposé 1.271 amendements au projet de loi, dénonçant son contenu comme des « mini-mesures ».
Nous attendons une loi sur la vieillesse depuis 2019. Ce projet de loi est un sparadrap, un écran de fumée législatif, a déclaré le député socialiste Jrome Guedj en ligne à Politico.
Guedj a rédigé son propre projet de loi avec 166 articles, contrairement au projet de loi soutenu par le gouvernement qui n’en compte que 14.
Même dans les rangs du parti au pouvoir, tout le monde n’est pas satisfait.
La députée de la Renaissance, Monique Iborra, a démissionné de son rôle de co-rapporteur du projet de loi.
Considérant que le projet de loi n’allait pas assez loin, et ne voulant pas gêner mes collègues, j’ai retiré, elle a écrit sur Twitter.
Les députés communistes défendent une motion visant à rejeter le projet de loi.
Manque d’ambition
Certains professionnels des soins aux personnes âgées disent que les mesures ne sont pas à la hauteur des défis à venir.
Dans un communiqué publié le 31 mars, l’union des centres d’action sociale (Unccas) évoque unerendez-vous législatif raté et un projet de loi qui manque d’ambition.
L’Union des organismes privés de santé et sociaux (UNIOPSS) a plaidé pour une politique d’autonomie et encouragé le gouvernement à faire plus pour les personnes très âgées.
L’avant-projet de loi ne prétend pas provoquer un changement radical de politique mais évoque un premier pas utile pour les Français ».
Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, dit qu’il envisage d’enrichir le texte en fonction des suggestions du comité consultatif du CNR de 10 000 membres qui a rendu ses conclusions sur le vieillissement la semaine dernière.
Les députés débattent du projet de loi jusqu’à jeudi soir. Il sera ensuite suivi d’un plan d’action dont les détails seront annoncés En début juin.