La banlieue parisienne accorde un congé menstruel payé, une première en France

Le régime, qui est entré en vigueur le 27 mars, permet aux 1 200 employées de la ville de prendre jusqu’à deux jours de congé par mois, sous réserve de l’approbation d’un médecin, sans perte de salaire.

Cela survient un mois après que le gouvernement de gauche espagnol a adopté une législation révolutionnaire accordant des droits similaires aux femmes dans tout le pays, une première pour un pays européen.

Le maire socialiste de Saint-Ouens, Karim Bouamrane, a d’abord annoncé cette décision le 8 mars, pour coïncider avec la Journée internationale de la femme, affirmant qu’il espérait inspirer les législateurs français à emboîter le pas.

Il faut mettre fin à cette souffrance dans le silence voire à ce déni de souffrance, a déclaré lundi le maire à la radio France Info, notant que jusqu’à une femme sur deux connaît des règles douloureuses et parfois invalidantes.

L’objectif est de briser un tabou sur le sujet et que les femmes qui souffrent de règles douloureuses ne se sentent plus stigmatisées, a-t-il ajouté.

Les nouvelles règles à Saint-Ouen, partie de la Seine-Saint-Denis département (département) au nord-est de Paris, permettra aux femmes de choisir entre s’absenter ou travailler à domicile.

Les groupes féministes ont longtemps fait campagne pour un plus grand soutien à la santé des femmes au travail, bien que le sujet du congé menstruel payé se soit avéré diviser par crainte qu’il n’entrave l’accès des femmes au marché du travail.

C’est une demi-mesure qui cache la nécessité d’une approche plus globale de la santé des femmes au travail, a déclaré Ophlie Latil du groupe féministe Georgette Sand au quotidien français Le Monde. Renvoyer les femmes chez elles ne fait que les isoler et dissimuler leur douleur, a-t-elle déclaré.

Les partisans du congé menstruel payé, cependant, affirment qu’il favorisera le débat sur le sujet et contribuera à sensibiliser le public à des maladies telles que l’endométriose, une maladie débilitante qui provoque des règles douloureuses chroniques et, dans certains cas, l’infertilité.

« Démocratiser le sujet »

La semaine dernière, une vingtaine d’élus locaux de Seine-Saint-Denis ont signé une lettre demandant l’extension du dispositif pionnier de Saint-Ouens à d’autres communes, rapporte Le Monde.

L’ouverture du débat sur le congé menstruel payé contribuera à démocratiser le sujet (et) facilitera le diagnostic de l’endométriose, indique la lettre.

Saint-Ouens Bouamrane a exhorté les syndicats et les législateurs à travailler sur un cadre global offrant une protection juridique et financière aux petites municipalités qui ne peuvent pas se permettre un congé menstruel payé sans soutien extérieur.

À Paris, les conseillers municipaux ont soutenu le principe du congé menstruel pour les 30 000 employées de la capitale française lors d’un vote préliminaire au début du mois, appelant le gouvernement à clarifier la législation du travail du pays pour garantir la légalité du déménagement.

Pendant ce temps, les législateurs de gauche au Parlement français travaillent sur un projet de loi visant à étendre le congé menstruel payé au secteur privé, seule une poignée d’entreprises françaises proposant actuellement de tels programmes.

En janvier dernier, le président français Emmanuel Macron avait dévoilé les contours d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, soulignant la nécessité de briser le silence sur une maladie qui touche quelque 2,5 millions de femmes en France.

Son annonce a été largement saluée par les groupes de défense, bien que les critiques aient déploré l’absence de calendrier et de détails sur le financement. La stratégie ne faisait aucune mention du congé menstruel payé.

>> Combattre l’endométriose : je ne sais pas ce que cela signifie d’être à l’abri de la douleur

Dans le cadre du régime de congé menstruel introduit par le gouvernement espagnol le mois dernier, le système de sécurité sociale de l’État, et non les employeurs, prend en charge les congés de maladie.

Hormis l’Espagne, seul un petit nombre de pays à travers le monde proposent un congé menstruel payé, notamment le Japon, l’Indonésie et la Zambie.

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