La France organise un symposium pour contrer l’augmentation alarmante des gourous en ligne

Pour la première fois, le gouvernement français organise un colloque de deux jours consacré au problème des activités sectaires, un phénomène en augmentation en France.

La mission interministérielle Miviludes de novembre rapportait qu’il y avait eu 4.020 plaintes en 2021, soit une augmentation de 33,6% en un an.

« C’est sans aucun doute la partie émergée de l’iceberg », a déclaré la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backs, à la radio française France Inter lors de la première journée d’échanges.

Une dérive sectaire est définie par la Miviludes comme une manipulation de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion portant atteinte à l’ordre public, aux lois ou règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes.

Le gouvernement tient à souligner que les abus peuvent prendre toutes les formes, de l’endoctrinement religieux aux plans de gestion de l’argent en passant par les conseils sur la santé et le bien-être.

Montée des théories du complot

Derrière l’évolution de cette tendance alarmante se cache l’émergence des réseaux sociaux et la montée en puissance des influenceurs. Avec cela, la croissance exponentielle des théories du complot.

Ils suivent toujours la même logique, vous vendant du bonheur, des recettes miracles, surtout face à la maladie. Ils exploitent toutes les failles, toutes les vulnérabilités, toutes les faiblesses qui peuvent affecter chacun de nous, a expliqué jeudi à France Info Christian Gravel, le président de la Miviludes.

Il dit que l’agence a vu une augmentation de 86% des plaintes au cours des cinq dernières années.

Backs déplore le fait que toute une génération trouve désormais ses informations « presque exclusivement sur les réseaux sociaux », où les informations légitimes sont présentées via les mêmes plateformes que les fake news.

« Ce n’est pas normal que dès qu’on voit une vidéo sur Internet nous promettant la guérison, on y croit », dit-elle.

Elle avait précédemment mis en garde contre des « dérives sanitaires » particulièrement perceptibles suite à l’apparition de la pandémie de Covid, que ce soit en rapport avec des remèdes miracles ou des messages de groupes anti-vaccination.

« On parle de gens qui se disent naturopathes et qui vendent des traitements alternatifs aux traitements traditionnels et vérifiés », explique-t-elle.

Elle a donné l’exemple du « mouvement raw food », représenté notamment par le youtubeur Thierry Casasnovas, qui a fait l’objet de 54 plaintes.

« Ce sont des gens qui disent : arrêtez la radiothérapie, la chimiothérapie, quand vous avez un cancer, et buvez des jus de légumes, vous serez guéris. »

Conséquences financières

« La difficulté surgit quand il y a emprise mentale et mise en danger », poursuit-elle, déplorant aussi les conséquences financières liées à ces excès.

Backs estime que « le premier objectif est la prévention », dans la lutte contre les sectes et les groupes qui profitent des personnes vulnérables.

« Beaucoup de choses passent inaperçues et nous ne savons pas exactement combien de personnes sont vraiment touchées », dit Backs, ajoutant qu’environ 500 000 personnes avaient été victimes d’une sorte d’abus sectaire, un chiffre qui remonte à quelques années. .

C’est pourquoi elle espère que la consultation de deux jours permettra de dresser un « état des lieux précis » et de fixer « un plan d’action ».

Le gouvernement mettra en avant sa campagne de communication pour aider les citoyens à « être vigilants » au sujet de l’endoctrinement et de la manipulation.

Le ministre indique qu’une permanence téléphonique d’alerte spéciale sera mise en place, en partenariat avec l’association France Victimes. Que ce soit dans un contexte professionnel ou scolaire, chacun peut jouer un rôle en signalant des changements de comportement soudains et inquiétants chez les personnes qui l’entourent, dit-elle.

Christian Gravel dit que la plupart des victimes ignorent qu’elles sont victimes de contrôle mental par des entrepreneurs sectaires.

Très souvent, ce sont les proches qui nous alertent a-t-il confié à France Info.

Ce qui doit nous alerter, c’est le changement de comportement, le changement de discours. Quand on est en rupture progressive avec l’environnement, la société, les institutions, dit-il.

Cela n’a rien à voir avec une question de naïveté. Il ne faut pas sous-estimer l’intelligence de ceux que nous avons en face de nous.

Alerte au niveau européen

Il y a un énorme travail de formation et d’éducation pour accompagner non seulement les jeunes mais l’ensemble de la population.

Cela devrait être non seulement au niveau français, mais européen, insiste Backs.

« Si on veut que les plateformes puissent avoir un système d’alerte pour supprimer les contenus jugés dangereux, il faut le faire à l’échelle européenne », précise-t-elle.

Elle espère également que le symposium abordera le cadre juridique et son application. Elle a reconnu la loi About-Picard de 2021, qui qualifie le phénomène d’influence psychologique et ouvre donc la voie à des sanctions judiciaires.

Cependant, elle admet que la loi est lourde et que davantage d’outils sont nécessaires pour la rendre réellement efficace, notamment une simplification des procédures de signalement.

Backs parle de son expérience personnelle, car sa mère appartenait à la secte de l’Église de Scientologie. Elle a donc pu constater à quel point « lorsqu’on entre dans une organisation à caractère sectaire, il est très difficile d’en sortir ». Elle témoigne de la difficulté pour l’entourage des victimes « complètement démuni

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