Un tribunal français ordonne à Uber de payer quelque 18 millions de dollars aux chauffeurs, l’entreprise fait appel
Par Tassilo Hummel
PARIS Vendredi, un tribunal français a ordonné à Uber de verser environ 17 millions d’euros (18,43 millions de dollars) de dommages et intérêts à un groupe de chauffeurs qui ont fait valoir qu’ils auraient dû être traités comme des employés plutôt que comme des travailleurs indépendants, ont déclaré les deux parties à l’affaire à Reuters.
C’est une énorme victoire après une longue bataille judiciaire qui a commencé en 2020, a déclaré l’avocat Stéphane Teyssier qui représentait les 139 chauffeurs qui avaient porté l’affaire devant le conseil des prud’hommes de Lyon.
Le tribunal a décidé que la relation de travail de ses clients aurait dû être qualifiée de contrat de travail, ce qui signifie qu’Uber aurait dû leur rembourser des dépenses professionnelles comme l’achat d’une voiture, du carburant et des heures supplémentaires, a-t-il ajouté.
Uber a déclaré qu’il ferait appel, ajoutant: Nous sommes déterminés à faire des progrès sur la question des droits des travailleurs de la plateforme et sommes convaincus que la bonne voie à suivre passe par le dialogue social avec les représentants des chauffeurs.
La décision ne s’applique qu’au passé et ne signifie pas que les chauffeurs auront nécessairement le statut d’employé à l’avenir, a déclaré Teyssier.
La question de savoir comment qualifier le statut juridique des travailleurs de l’économie à la demande sur les plateformes en ligne dans des secteurs comme le covoiturage ou la livraison de nourriture fait l’objet de débats dans de nombreux pays.
Les plateformes soutiennent que les travailleurs sont indépendants et peuvent choisir combien et quand travailler, tandis que les travailleurs et les syndicats soutiennent souvent qu’ils devraient bénéficier des mêmes avantages que les employés car ils dépendent des plateformes pour gagner leur vie.
Le porte-parole d’Uber a déclaré que l’objectif de l’entreprise était de construire un modèle qui préserve la flexibilité qu’elle souhaite tout en garantissant des améliorations concrètes de ses conditions de travail.
En 2020, le plus haut tribunal de France a reconnu pour la première fois le droit d’un chauffeur Uber à être considéré comme un employé, une décision qui a affecté le modèle commercial des entreprises américaines, l’obligeant à payer plus d’impôts et d’avantages aux travailleurs, tels que des congés payés.
Plus tôt ce mois-ci, Uber a annoncé un accord sectoriel historique avec des chauffeurs en France, garantissant un minimum de 7,65 euros nets (8,25 $) par trajet, créant un précédent après des mois de négociations.
(1 $ = 0,9223 euros)