Macron et la France se préparent à un mois de janvier orageux

Publié le: Modifié:

Paris (AFP) S’adressant à la nation le soir du Nouvel An, le président français Emmanuel Macron a mis le pays en état d’alerte pour une nouvelle période de turbulences politiques.

L’homme de 45 ans, s’exprimant depuis l’Elysée, a reconnu les « angoisses » de nombreuses personnes au milieu de la flambée des prix des denrées alimentaires, des inquiétudes concernant la guerre en Ukraine et des inquiétudes persistantes concernant Covid-19.

Mais il s’est engagé à aller de l’avant avec des plans visant à repousser l’âge de la retraite, à partir de ce mois-ci – une décision largement impopulaire que même certains alliés politiques craignent d’être imprudente dans le contexte actuel.

« Comme je vous l’avais promis, cette année sera l’année de la réforme du système des retraites qui vise à équilibrer notre système pour les années et les décennies à venir. Nous devons travailler davantage », a déclaré le centriste, réélu l’an dernier. Avril.

Les pourparlers largement infructueux pour tenter de gagner les syndicats français se sont poursuivis cette semaine, menés par le Premier ministre Elisabeth Borne, mais les lignes de bataille entre le gouvernement et ses opposants sont déjà tracées.

L'inflation a grimpé en flèche cette année en raison de la guerre en Ukraine, causant des difficultés à de nombreux ménages
L’inflation a grimpé en flèche cette année en raison de la guerre en Ukraine, causant des difficultés à de nombreux ménages /AFP

Les offres visant à atténuer les changements – en augmentant l’âge de la retraite à seulement 64 ans, au lieu des 65 initialement visés – semblent peu susceptibles d’influencer de nombreux électeurs ou de faire éclater les syndicats, qui sont unanimement opposés.

« Je le dis ici et je l’ai dit au Premier ministre : si l’âge de la retraite est repoussé à 64 ou 65 ans, la CFTD se mobilisera pour contester cette réforme », a déclaré à la presse le patron de la CFDT modérée, Laurent Berger. a quitté le bureau de Borne mardi.

Tous les partis politiques de gauche du pays, ainsi que le Rassemblement national d’extrême droite, sont contre les changements et ont juré de se joindre aux manifestations.

« Il va faire chaud en janvier », a écrit sur Twitter le dirigeant politique d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, chef du parti France insoumise.

Les députés de Macron sont prêts à se battre dans le parlement national orageux, où ils sont en minorité et ont besoin d’alliés.

« Ça va devenir dur. Tout le monde le sait », a déclaré le député du parti au pouvoir, Stéphane Travert, au journal Parisien.

– Avertissements –

À son niveau actuel de 62 ans, l’âge officiel de la retraite du pays est en retard par rapport à celui de ses grands voisins européens, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, où il passe à 66 ou 67 ans. Les Suédois, les Estoniens et les Néerlandais devraient travailler jusqu’à 70 ans.

Les prévisions officielles montrent que le système de retraite français est équilibré à court terme mais accuse d’importants déficits dans les décennies à venir en raison du vieillissement de la population.

Macron a longtemps défendu la refonte du système, mais il a reporté une première tentative en 2020 face à la pandémie de Covid-19 et à certaines des plus grandes manifestations organisées par les syndicats de son premier mandat.

Depuis qu’il a remporté un deuxième mandat en avril, avec un manifeste qui incluait la réforme des retraites, il hésite sur le moment.

Certains manifestants du
Certains manifestants du « gilet jaune » ont juré de retourner dans la rue MEHDI FEDOUACH / AFP

« Nous n’avons pas, collectivement, fait assez d’efforts nécessaires pour éduquer les gens », a averti en décembre le proche allié de Macron, François Bayrou.

Mais le président de 45 ans est désormais attaché à un calendrier clair qui met sa réputation et sa capacité à faire passer d’autres changements en jeu.

Les grandes lignes seront dévoilées mardi prochain, avec un projet de loi qui devrait être présenté au parlement en février.

Certains craignent un autre soulèvement populaire violent du genre de celui observé en 2018 lorsque des manifestants dits « gilets jaunes » sont spontanément descendus dans la rue.

« Les germes (d’une autre explosion sociale) sont là et une étincelle pourrait tout mettre le feu », a déclaré cette semaine Frédéric Dabi, éminent sondeur et auteur, à la radio Europe 1.

Un groupe de « gilets jaunes » a appelé à manifester ce samedi.

– Fatalisme ? –

Mais lire l’humeur du public reste extrêmement difficile.

Comme de nombreux pays européens, la France a été frappée par des grèves ces derniers mois – dans les chemins de fer, dans les hôpitaux et dans les raffineries de pétrole – alors que les travailleurs réclamaient des salaires plus élevés face à une inflation d’environ 6,0 %.

La plupart des Français sont contre les modifications des retraites, avec environ six sur 10 (58%) déclarant qu’ils soutiendraient les manifestations, a révélé mercredi un sondage du groupe Ifop.

Mais une majorité dit également aux sondeurs qu’ils pensent que le système de retraite actuel n’est pas viable.

« Il y a une forme de fatalisme », a déclaré récemment à l’AFP un collaborateur de Macron sous couvert d’anonymat. « Nous allons aller jusqu’au bout et les gens le savent. »

Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale de l’institut de sondage BVA France, a déclaré à l’AFP que le pays apparaissait « fatigué, blasé », rendant difficile de savoir s’il était « au bord d’un grand mouvement de protestation ou de démission ».

Elle s’est montrée plus confiante en prédisant que « l’année 2023 s’annonce périlleuse pour le président ».

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite