Initiative 5+5 Défense : la France resserre son emprise sur la région du Maghreb
Initiative de défense 5+5 : Emmanuel Macron s’est présenté comme le candidat du changement à l’élection présidentielle française. Il semblait voir l’histoire coloniale de la France d’un point de vue nouveau et être en faveur de solutions créatives parce qu’il était indépendant et non contraint par la politique conventionnelle des partis. Sa voix a surpris les gens et était incontestablement contemporaine.
Le candidat présidentiel français a même dit quelque chose qu’aucun président français, et encore moins un président de gauche, n’avait jamais osé dire : il a qualifié la colonisation française de l’Algérie de crime contre l’humanité.
Des années plus tard, le même Macron, dans son rôle actuel de président de la France, a fait des déclarations incroyablement condescendantes remettant en question l’identité précoloniale de l’Algérie en tant que nation et agit rapidement pour initier des politiques visant à intimider la nation africaine.
Comment s’est produit le revirement époustouflant de Macron ? Comment un type qui avait autrefois des convictions politico-économiques nationales et internationales aussi radicales pouvait-il utiliser la rhétorique pour jeter le doute sur l’idée qu’une nation algérienne précoloniale existait même, et encore moins collaborant étroitement avec son ennemi acharné, le Maroc ?
Peut-il être attribué à une simple erreur ou à une nouvelle révision de l’histoire destinée à changer la façon dont les gens perçoivent les relations franco-algériennes et à les considérer comme faisant partie de l’ambition française plus large pour la région du Maghreb ? Pourrait-il s’agir simplement d’un cas d’arrogance ou de complaisance du président français ?
Seul le temps et les futurs biographes de Macron pourront y répondre. Mais une chose est sûre : l’échec de la politique française en Libye et au Mali, ainsi que sa gestion des relations avec l’Algérie, force militaire importante dans la région, témoignent d’un manque d’imagination européen plus large et d’une absence de compréhension stratégique de l’Afrique.
Le Macron d’aujourd’hui semble s’être égaré. Dans un effort pour préserver les privilèges français qui sont évidemment insoutenables à long terme, le seul président français qui a d’abord démontré sa volonté d’affronter les politiques shegemoniques de la France essaie maintenant de redresser la boue diplomatique.
Récemment, lors de leur 18e réunion, les ministres de la défense des pays membres de l’initiative de défense 5+5 avec la participation de la France, de l’Italie, du Portugal, de l’Espagne, de Malte, du Maroc, de la Mauritanie, de la Libye et de la Tunisie, se sont mis d’accord à Rabat pour renforcer davantage leur coopération dans les domaines de la surveillance maritime, de la sûreté aérienne, de la gestion des risques, de la formation militaire et de l’interopérabilité.
Dans une déclaration commune publiée à l’issue de leur rencontre à Rabat, les chefs de délégation ont rendu hommage aux résultats obtenus sous la présidence marocaine tournante de l’initiative de défense 5+5. Un éloge particulier a été attribué au rôle joué par le Maroc, sous la direction du Roi Mohammed VI, pour la stabilité et la paix de la région de la Méditerranée occidentale.
Le Dialogue 5+5 est un forum sous-régional de dialogue entre dix pays de la Méditerranée occidentale et promeut la coopération dans les domaines de la science, de la technologie et de l’enseignement supérieur.
Les pays du Maghreb concernés sont l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, et les nations européennes sont la France, l’Italie, Malte, le Portugal et l’Espagne.
La France a été un acteur majeur de cette architecture et, par conséquent, toute lentille qui examine l’importance croissante du Maroc dans la bande des 10 ne doit pas être séparée de Paris. Il y a quelques jours, la France et le Maroc ont même annoncé le rétablissement de relations diplomatiques complètes après des mois de tensions sur les visas.
Vous voyez, afin de maintenir son influence décroissante au Maghreb, la France a tenté de travailler plus étroitement avec Rabat.
La puissance économique et militaire de la France est aujourd’hui diminuée et il lui manque les outils nécessaires pour influencer la politique africaine. Sur le plan économique, la France ne peut pas concurrencer la Chine. Non seulement les investissements chinois en Afrique naine dépassent ceux de la France, mais ils dépassent aussi les investissements de tous les pays occidentaux réunis. Les exportations françaises vers l’Afrique représentent à peine le quart de celles des Chinois, malgré l’arrivée relativement récente des Chinois sur le continent.
Sur le plan militaire, la France a atteint les limites de son intervention au Sahel, les opérations Serval et Barkhane n’ayant pas réussi à éliminer les groupes armés islamistes qui prolifèrent dans la région.
En cas de retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Une collaboration est déjà en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.
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Par ailleurs, Alger et Moscou ont connu un niveau d’amitié sans précédent, le premier achetant du matériel militaire à Moscou. En conséquence, la Russie, un ami établi de l’Algérie, est prête à prendre le contrôle de la région abandonnée du Sahel.
Et les politiciens français mécontents sont incapables d’y changer quoi que ce soit. Ils sont incapables de rivaliser économiquement avec la Chine ou militairement avec la Russie.
L’Algérie a donc été la cible du mécontentement de Macron alors qu’il tentait de reconsidérer sa politique. Le gouvernement français a décidé de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux politiciens algériens. La fracture croissante entre la France et l’Algérie doit également être considérée comme un prolongement de la stratégie régionale révisée de Paris. Cependant, la France tente également d’équilibrer sa position vis-à-vis de l’Algérie, en procédant à quelques changements cosmétiques de politique vis-à-vis de l’Algérie.
Les algorithmes français ont plus que jamais besoin d’être mis à jour pour le XXIe siècle. À une époque où les alliances de longue date et les zones d’intérêt postcoloniales ont cédé la place à la diplomatie transactionnelle, formuler une stratégie convaincante pour l’Afrique du Nord-Ouest n’est pas une tâche simple. La France a moins de cartes qu’elle n’en avait en 2011, et elle ne peut pas souhaiter l’importance grandissante de la Russie.
En tentant d’affilier complètement le Maroc à la France et de répudier l’Algérie autrefois amie et devenue ennemie, le président français a mis tous ses œufs dans le même panier. Reste à savoir si Macron tirera profit de cette approche. Quoi qu’il en soit, la bataille pour les cœurs et les esprits des Maghrébins et des Africains pourrait s’avérer plus compliquée que Macron n’a jusqu’à présent semblé le penser.