Les start-up françaises vont devenir « champions d’Europe », selon le chef de l’association
La scène start-up française, qui s’est considérablement développée ces 10 dernières années, ambitionne de devenir un leader du développement des start-up en Europe, a déclaré le directeur de France Digitale à EURACTIV France dans une interview.
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Créée en 2012, France Digitale a été créée pour fédérer de manière cohérente les start-up et représenter leurs intérêts auprès des investisseurs et des pouvoirs publics. La semaine dernière, l’association a organisé une conférence pour faire le point après 10 ans de travail dans le domaine des start-up.
Se définissant comme « la première communauté technologique française et européenne », France Digitale représente 1 800 start-up parmi les 13 000 « entreprises innovantes » françaises, répertoriées par France Stratgie, un groupe de réflexion, dans un rapport de 2021.
Dans une interview accordée à EURACTIV après la conférence, la directrice générale Maya Nol s’est dite convaincue qu’aujourd’hui, « une start-up française peut avoir une influence sur la scène internationale ».
« Le slogan de France Digitale ‘Travaillons ensemble’ prend tout son sens : nous avons l’ambition collective de créer des champions européens », a-t-elle ajouté.
Elle a expliqué les progrès de son association au cours des 10 dernières années. « En 2012, notre objectif était de lever 500 millions sur une année entière. Aujourd’hui, nous pouvons lever 500 millions en un seul tour de table pour une seule entreprise.
« Tout l’écosystème s’est développé, les structures d’accompagnement sont nombreuses. Nous avons même des points de contact dédiés au sein du Trésor français », a-t-elle ajouté.
L’optimisme au plus haut
Les start-ups sont relativement optimistes quant à leur santé économique à venir, 39 % s’attendant à doubler leur chiffre d’affaires en 2023, selon un récent baromètre EY. Leur poids économique est également considérable, représentant 114 000 emplois en 2018, selon France Stratgie.
Le patron de France Digitale partage cet optimisme. Comme toute autre entreprise, « les start-up sont soumises à la conjoncture économique, mais notre optimisme vient du fait que [these start-ups] répondre aux besoins actuels », a-t-elle déclaré.
L’utilisation des nouvelles technologies par les start-up les aide à optimiser leurs coûts, ce qui fait généralement baisser les prix pour les consommateurs. « Nous avons des entreprises qui répondent directement aux problématiques d’inclusion ou d’éducation. Ornicar, par exemple, permet aux particuliers de payer leur permis de conduire 30 % moins cher : c’est pertinent pour tous les Français », a-t-elle déclaré.
« Une start-up peut entrer sur un nouveau marché au bon moment et adapter son offre en fonction de la demande. Les grandes entreprises sont beaucoup moins flexibles », a-t-elle ajouté.
Un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique
Les enjeux numériques ont aussi un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique, comme l’a rappelé le ministre de la Transition écologique Christophe Bchu lors de sa participation à la conférence du 28 septembre, une première pour France Numérique.
« Il y a une prise de conscience générale que les start-ups doivent intégrer la réalité du changement climatique dans leur prise de décision – même si ce n’est pas au cœur de leur business model », explique Nol.
Ceci est également confirmé dans le baromètre EY, selon lequel « 37% [of start-ups] ont déclaré avoir réalisé une évaluation de l’empreinte carbone en 2021, et 33 % ont été labellisées « entreprises à mission ».
En 2021, une étude de la Banque publique d’investissement a recensé les start-up dites « à impact », selon laquelle plus de 700 entreprises étaient répertoriées comme agissant en faveur de l’environnement et de la transition écologique, avec 4,4 milliards de fonds levés.
Lorsqu’on lui a demandé si de lourds investissements dans les technologies numériques énergivores ne seraient pas plus nocifs pour l’environnement, elle a qualifié la technologie numérique d’« outil » et a suggéré que l’accent devrait plutôt être mis sur la façon dont « nous l’utilisons ».
Synergies avec les pouvoirs publics
Nol a souligné qu' »il y a une volonté à Bruxelles de voir émerger de grandes entreprises européennes ».
« Des législations telles que la DMA [Digital Markets Act] et DSA [Digital Services Act] montrent une volonté de réguler le marché européen pour donner plus de clarté juridique aux entreprises et les protéger de l’hégémonie de certains grands groupes », a-t-elle ajouté.
On peut dire la même chose du gouvernement français, notant qu’« aujourd’hui, dans une conférence comme celle de France Digitale, nous accueillons deux ministres et plusieurs parlementaires, et c’est la nouvelle normalité ». « Des canaux de communication entre les start-up et le gouvernement ont été construits », a-t-elle ajouté.
Pour montrer leur enthousiasme à développer des clusters d’innovation à travers le pays, les villes s’appuient de plus en plus sur le mouvement French Tech, qui s’est propagé à travers la France et propose un visa dit French tech que Nol appelle une « victoire » car il « facilite l’attraction de talents étrangers vers contribuer au développement des start-up françaises.
Obstacles réglementaires
Cependant, tous les pays de l’UE ne sont pas des « nations en démarrage ».
« Aujourd’hui, si une start-up veut se développer dans un autre pays européen, elle doit faire face à des réalités administratives parfois radicalement différentes. Il existe de véritables barrières réglementaires », a-t-elle expliqué.
Contrairement aux États-Unis, l’Europe n’accorde pas de traitement préférentiel aux entreprises de l’UE lorsqu’il s’agit d’appels d’offres publics, a-t-elle déclaré.
Par rapport aux États-Unis, « qui savent défendre leurs entreprises innovantes, en contribuant à leur développement économique », certains appels d’offres dans l’UE ne sont pas toujours adaptés aux startups, ce qui fait que les grands groupes prennent souvent le relais et consacrent leur positionnement monopolistique.
Pourtant, France Digitale s’est chargée de résoudre ces problèmes, principalement dans la mesure où elle vise à travailler avec toutes les parties prenantes, à faciliter l’accès aux nouveaux marchés de l’UE et à harmoniser le cadre réglementaire du bloc sur ces questions.
[Edited by Luca Bertuzzi/Daniel Eck/Nathalie Weatherald]