La France confrontée à la question de la légalisation de l’euthanasie
La France est en proie à un débat national sur l’euthanasie, après que le gouvernement a annoncé qu’une soi-disant convention citoyenne sera lancée en octobre pour discuter de la mise à jour des lois sur l’aide à mourir.
L’euthanasie est interdite dans tous les cas en France, et la consultation publique de six mois examinera les modifications et exceptions légales, par exemple dans le cas de patients en phase terminale qui souhaitent mettre fin à leurs jours. Certains patients français se rendent dans d’autres pays européens pour rechercher d’autres options de fin de vie.
Un petit nombre de pays reconnaissent le droit à l’aide médicale à mourir, notamment les Pays-Bas, la Belgique, la Suisse, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Certains États des États-Unis autorisent également l’euthanasie, et la législation autorisant cette pratique progresse au Portugal et en Italie.
Le géant du cinéma français Jean-Luc Godard, décédé mardi dernier par suicide assisté en Suisse, a été autorisé à planifier sa propre mort pour mettre fin à ses souffrances de ce que son avocat a qualifié de « multiples maladies invalidantes ».
Les sondages suggèrent qu’environ 90% des Français sont favorables à la légalisation de l’euthanasie. Cependant, il y a une opposition farouche à la modification de la loi parmi les politiciens conservateurs ainsi que les groupes de campagne pro-vie.
Un récent projet de loi sur l’euthanasie n’a pas réussi à gagner du terrain au parlement français après que les politiciens de l’opposition ont alourdi la législation avec plus de 2 000 amendements. Cependant, le président français Emmanuel Macron a pris la décision de lancer une convention citoyenne après que le Comité national d’éthique a soutenu la réforme des lois actuelles dans un rapport publié la semaine dernière.
« La question de la fin de vie doit être débattue en profondeur par la nation », a déclaré le bureau de Macron dans un communiqué. « Le débat sur ce sujet délicat doit être traité avec beaucoup de respect et de précaution et nos concitoyens doivent avoir la possibilité d’être informés. »
Les autorités françaises ont de plus en plus expérimenté l’utilisation des conventions citoyennes pour éclairer la prise de décision. À Nantes, un panel de 80 habitants a été consulté sur les procédures de confinement pendant la pandémie de coronavirus.
Le bureau de Macron a déclaré que, selon le résultat de la convention, des modifications du cadre juridique pourraient être attendues d’ici la fin de l’année prochaine.
« Conditions strictes »
Dans son rapport, la Commission nationale d’éthique s’est prononcée en faveur de l’euthanasie « dans des conditions strictes », par exemple chez « les adultes atteints de maladies graves et incurables » ou ceux ayant « des souffrances physiques et/ou psychiques impossibles à apaiser ».
François Arnault, président de la principale association de médecins français CNOM, a déclaré au journal médical français Le Quotidien du Médecin qu’il n’était pas favorable à ce que les médecins soient obligés d’administrer des doses mortelles de médicaments.
« Ce n’est pas le travail du médecin, et l’association n’est pas favorable à l’euthanasie », a déclaré Arnault, qui a également appelé à une « clause de conscience » dans toute future loi permettant aux médecins de refuser de participer à la procédure.
Les agences ont contribué à cette histoire.