L’Europe peut-elle rattraper les États-Unis (et la Chine) dans l’informatique quantique ?

Nos recherches indiquent que les États-Unis sont actuellement en tête, menant leurs pairs dans tous les domaines, en particulier dans les efforts du secteur privé. Un trio de poursuivants, le Royaume-Uni, la Chine et l’UE, sont également bien positionnés, notamment en termes de soutien gouvernemental et de viviers de talents.

L’UE est parmi les leaders en matière d’investissement public et a adopté des plans solides, tels que le projet phare quantique de la Commission européenne. Mais les États-Unis restent en tête en matière d’obtention de brevets, de création de startups et d’investissements, la Chine étant à leurs trousses. L’UE est également parmi les leaders mondiaux dans la production de talents, avec les États-Unis et la Chine.

Risques émergents. Bien que l’UE semble forte, la réalité sur le terrain est moins positive, car le continent affiche de multiples symptômes qui peuvent laisser présager des problèmes à l’avenir.

Premièrement, l’UE a dispersé ses efforts sur tout le continent sans former un écosystème quantique interconnecté. Bien que le programme Quantum Flagship soit censé coordonner les efforts, la plupart des pays du continent continuent de travailler en silos. Même au niveau national, notre analyse montre que les pays européens n’ont pas atteint le niveau de coordination entre les parties prenantes et les entreprises que des pays comme les États-Unis et la Chine ont réussi.

Deuxièmement, l’UE est en train de créer un secteur privé avec peu ou pas de capacité d’évolution. Les nations européennes manquent du type d’investissements privés qui permettent aux startups de l’informatique quantique de se développer aux États-Unis, qui est une centrale de capital-risque. De plus, l’UE manque de grands acteurs numériques tels que Google, Amazon et IBM qui ont le pouvoir de consolider le secteur quantique.

Troisièmement, l’UE a un marché de personnes qui se concentre sur le développement des talents universitaires. Bien que l’UE compte presque autant d’universités de premier plan spécialisées dans l’informatique quantique que les États-Unis, le BCG estime que ce dernier compte deux à trois fois plus de talents au travail dans les entreprises de technologie quantique.

Garantir la souveraineté quantique de l’UE. L’UE, ses gouvernements membres et les décideurs politiques devraient immédiatement mettre en œuvre des plans audacieux pour faire face aux risques émergents, en agissant sur les trois fronts pour assurer la souveraineté quantique des régions.

Premièrement, l’UE devrait interconnecter tous les efforts d’informatique quantique de ses États membres et de ses parties prenantes au niveau européen. Le succès dépend de l’engagement des gouvernements à travailler ensemble pour faire progresser les capacités informatiques quantiques de la région. L’UE doit donner la priorité à l’intervention publique tout en alignant ses ambitions et ses stratégies sur l’ensemble des pays et des parties prenantes.

Deuxièmement, l’UE doit favoriser les conditions nécessaires au développement d’un secteur privé capable d’évoluer. Ses startups ne doivent pas rester indéfiniment des entreprises en phase de démarrage ; au lieu de cela, ils devraient évoluer et devenir des géants du numérique. Les gouvernements et les décideurs politiques devront travailler ensemble pour combler le déficit d’investissement de l’UE, en particulier dans le financement à un stade avancé, tout en soutenant la création d’un marché pour les applications d’informatique quantique en offrant des incitations pour stimuler l’adoption par les opérateurs historiques.

Troisièmement, l’UE doit créer des talents quantiques axés sur les entreprises, en veillant à ce que les gens quittent le monde universitaire et en soutenant le développement d’initiatives privées de technologie quantique. Accomplir cette tâche implique de développer de bout en bout le vivier de talents des régions et de garantir un financement adéquat à cette fin. De plus, l’UE doit s’efforcer de devenir un pôle d’attraction pour les talents internationaux.

Ce n’est qu’en relevant ces défis que l’UE pourra réellement espérer réussir dans l’industrie de l’informatique quantique. Sinon, l’avènement de l’informatique quantique pourrait sonner le glas de la compétitivité et de l’indépendance technologique de l’UE.

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