Les transports publics français contraints de freiner en raison de la pénurie de chauffeurs
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La pénurie de chauffeurs fait des ravages sur les réseaux de transports publics en France. Les perturbations et les temps d’attente accrus font des ravages sur les navetteurs frustrés. Les sociétés de transport sont sous pression pour recruter des centaines de chauffeurs d’ici la fin de l’année.
La situation est tendue depuis un certain temps, et particulièrement ressentie par les usagers des bus, trams et trains à la rentrée 2022 début septembre.
De Paris à Lyon, Bordeaux, Lille et Rennes, les grandes villes sont concernées par le manque de chauffeurs de bus et de train dans le secteur des transports publics.
Quelque 75 opérateurs de transport assurent la desserte de la grande couronne parisienne (Ile-de-France) sur le réseau Optile. Cela s’étend sur plus de 1 300 lignes, 5 500 bus, effectuant quelque 258 millions de voyages par an.
Tous les opérateurs avouent avoir eu du mal à recruter le nombre nécessaire de chauffeurs ces derniers mois.
Youenn Dupuis, directeur général d’Optile, affirme que les chauffeurs existants ont subi une énorme pression face à des clients mécontents qui ont vu 7 à 8 % de leurs services coupés en raison de problèmes de recrutement.
Dans les zones où il n’y a pas de liaisons ferroviaires, les passagers des bus ont vu leur temps d’attente grimper jusqu’à 40 minutes, dit-il.
Changement d’image
Il y a environ 1 029 postes de chauffeurs à pourvoir chez Keolis, l’une des principales entreprises du réseau Optile, qui exploite une centaine de réseaux de bus à travers la France.
Dupuis, qui est également directeur adjoint de Keolis en Ile-de-France, explique que le métier de chauffeur de bus souffre malheureusement d’une mauvaise image qu’il faut secouer avant que les choses ne s’améliorent.
« Les salaires ne sont pas bas », a-t-il déclaré Le Parisien journal la semaine dernière.
« Les chauffeurs sont payés 2 500 par mois HT, c’est 30% de plus que le Smic, c’est mieux qu’un jeune enseignant », explique-t-il, précisant que son entreprise propose une bonne couverture santé et des horaires de travail flexibles.
En plus de cela, il souligne que les transports publics représenteront de plus en plus un domaine de croissance économique, car le gouvernement cherche à investir dans des technologies plus vertes et des alternatives à la voiture particulière pour réduire la pollution.
« C’est un secteur d’avenir, au cœur de la transition écologique », dit Dupuis.
La concurrence est plus rude
La RATP, la société de transport parisienne qui exploite le métro, les bus, les trains et les tramways, dessert 330 lignes de transport pour environ 3 millions de voyageurs.
Sur 1 500 postes vacants cette année, seuls 700 ont été recrutés.
En raison du manque de personnel, l’entreprise a simplement dû réduire le nombre de trajets sur certaines lignes de bus, provoquant d’énormes files d’attente et des bus surchargés.
« Nous n’avions jamais eu ce genre de problèmes de recrutement auparavant », a déclaré Alexandre Guyot, directeur des ressources humaines du service bus. Le Parisien un journal.
« Nous avons reçu 5 400 candidatures, mais en raison de nos attentes élevées, nous avons besoin de plus que cela », dit-il.
« La concurrence est devenue plus rude et certains employés ont choisi un mode de vie professionnel différent », dit-il.
La RATP a lancé une vaste campagne de recrutement, soulignant qu’un diplôme n’est pas un pré-requis. Les avantages comprennent des formations rémunérées, des primes et des aides au logement. « C’est un métier qui est stable et qui a du sens ».
Elle cherche à pourvoir 800 postes de chauffeurs de bus d’ici fin 2022.
Réinitialisation Covid
La SNCF, la compagnie ferroviaire nationale, affirme également que la situation à Paris est désastreuse.
Depuis fin août, elle est contrainte de supprimer quotidiennement 19 rames de son RER C périurbain faute d’une cinquantaine de chauffeurs.
Le transport scolaire dans les zones régionales a également été touché. Début septembre, environ 8 000 postes de chauffeurs de bus étaient vacants dans toute la France, dont 400 dans la région nord des Hauts-de-France.
La région investit plus de 3 millions d’euros pour former de nouveaux conducteurs, mais cela prend du temps, et les députés locaux disent que l’État doit renforcer son aide.
Comme dans divers secteurs à travers le pays, la pandémie de Covid a poussé les gens à chercher de nouveaux emplois.
Sur la centaine de chauffeurs de la société Delgrange basée dans le nord, plus d’une vingtaine sont partis depuis le Covid-19.
« Certains sont partis dans le transport de marchandises, d’autres en ont profité pour changer complètement de métier », explique Mathilde Vincent, responsable des ressources humaines de l’entreprise.